Musique

Après des mois de doute, Neil Hannon, le démiurge solitaire de Divine Comedy, aura donc accouché de Casanova, faux album-concept mais vraie corne d’abondance musicale. Dans les rues fiévreuses et les jardins dormants de Florence, Neil Hannon ausculte ses chansons de conquérant miné de l’intérieur, cette épopée colorée et éprouvante qui l’a amené à visiter ses gouffres intimes les plus profonds.

Formés à l’école Velvet de la new-wave, les Irlandais de Whipping Boy tournent logiquement cette semaine en première partie de Lou Reed. L’occasion de se frotter à l’intensité souvent incontrôlée de leur chanteur Ferghal McKee et à l’incandescence d’un groupe au lyrisme viril et orageux.

Ce 1er octobre, Charles Aznavour est décédé. En 1996, il nous racontait sa carrière dans cet entretien fleuve, lui qui se définissait déjà à l'époque comme "un dinosaure".

En 95, on avait beaucoup craint pour la santé mentale des Cocteau Twins, qui sortaient deux maxis expérimentaux tout à fait infréquentables. Mais avec Milk & kisses, le trio revient au bercail et propose l’impossible : sortir, avec un art ahurissant de l’architecture intérieure, le même album pour la neuvième fois, sans routine ni déjà-vu. Avec Robin Guthrie et Simon Raymonde, visite amicale de la concurrence, des Pistols à Pulp.

Alors que l’Angleterre enterre déjà sa brit-pop ­ musique archaïque jouée par les vieillards de Blur ou d’Oasis ­ au profit d’un ridicule revival néoromantique strictement londonien et mort-né, les Romo, retour sur vingt années riches en mouvements de jeunesse qui ont secoué le Royaume ou ses gazettes. Du ridicule au glorieux, de l’éphémère au fondamental.

L’Angleterre, conduisant au rétroviseur depuis que la nostalgie a porté la brit-pop sur le trône, n’a pas vu venir la déferlante Underworld. Ou comment un groupe intelligent et doué, au parcours parallèle à la décennie dance, va ramasser la mise techno d’une Angleterre décidément trop obsédée par ses pop-stars.

Parce qu’il faut bien la ranger sous une étiquette fatalement réductrice, Valérie Lemercier est ­ à son corps défendant ­ une comique française. Pourtant, aux antipodes de l’humour gras d’ici, cette interprète saisissante affiche en scène un art du verbe et un sens de « l’air du temps » inédits. Rusée et pudique, elle raconte le parcours qui l’a menée jusqu’à l’album Valérie Lemercier chante, son dernier pied de nez aux esprits bien pensants.

Ce n’est pas encore une lame de fond, mais un frémissement salvateur : le rock américain et Seattle savent aussi sourire. Comme leurs cousins anglais de Supergrass, les Presidents Of The United States Of America, en tournée française cette semaine, redécouvrent l’ivresse des mélodies absurdes, la jubilation d’un rock pressé et rigolard ­ même s’il cache des pulsions plus sombres et introverties. Voter pour ces Presidents est un devoir civique et cinoque.