Musique
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Comme des chats dans un jeu de quilles, les cinq Londoniens rigolos du Family Cat renversent les tendances. Exit les wah-wah amphétaminées et les beats à la mode : ici, c’est l’enthousiasme bon enfant qui rythme les soirées. D’où logique bouderie de la presse consacrée. Mais demain ? Cinquante millions d’amis ?
84, The Loft. 86, The Weather Prophets. Après s’être investi avec maestria dans l’écriture pour deux groupes qui ont traversé l’époque bien trop discrètement, Peter Astor joue solo et se préoccupe enfin de sa destinée. Marqué du sceau de ses maîtres américains mais nanti d’une élégance et d’une retenue toutes britanniques, il tente d’imposer son talent mélodique hors pair. Quelques mois seulement après Submarine, voici Zoo, seconde matrice de son introspection mélancolique.
La façade de R.E.M. est sans histoires : matériau noble pour lignes classiques conjuguées au présent, juste un peu moins brillante, un peu moins tranchante qu’il y a dix ans. Derrière, un architecte millionnaire en voie de clochardisation joue un cache-cache bluffeur. Plus on le voit, moins il se montre. Michael Stipe aurait-il tué Laura Palmer ?
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Après vingt ans de carrière, Elliott Murphy flâne tranquillement sur les chemins vicinaux du rock’n’roll circus. L’ex-nouveau Dylan vit au rythme de ses désirs : l lit beaucoup de livres,
rêvasse aux terrasses des cafés parisiens, hume l’odeur des villes du Vieux Monde et fait de tous ses souvenirs fanés de beaux disques au charme désuet.
Fureur contrôlée, guitares inifugées, double basse réactive, chansons en pirouettes et contre-pirouettes électrocutées, néo-dirty sound contaminé, voici Ned’s Atomic Dustbin, dernière sensation britannique en date. Après une dangereuse série de singles en fission, l’album déçoit déjà, trop monochrome, trop propre (la douche décontaminante, peut-être ?). De Tchernobyl à Chinon, le monde entier s’interroge : groupe thermonucléaire ou déchet irradié ?
Il paraît que Chris Parker, alias KRS One, est un bon rapper : pas sexiste, contre la violence et les chaînes en or. Encore mieux, il pense et donne même des conférences dans les universités. Le gendre idéal, quoi. Certes. Et si le tableau n’était pas si simple et idyllique ? Dans son beau discours, il faut savoir trier entre vérités bonnes à dire, vantardises rigolotes mais puériles et conneries pures et simples.
Mais que fabriquent donc ensemble un Smiths fugueur et un New Order démissionnaire ? Ils construisent, avec beaucoup de machines et trop peu de leur don mélodique flemmardisé, un jouet dont on ne sait encore s’il prendra vie ou s’il restera à l’état de brillante carcasse métallique : Electronic.
Ex-propriétaire gérant de la maison Byrds, grande fontaine d’eau pure à laquelle se sont abreuvés tant de bons, de REM aux Smiths, Roger McGuinn se penche sur son passé sans en faire un plat.
Les Throwing Muses, plus affûtées et plus concises sont redevenues l’espoir américain d’il y a cinq ans. Kristin Hersh et sa gouaille ont retrouvé moral et inspiration après deux années de dérive.
En quelques étés secs, la flammèche Noir Désir s’est transformée en un indomptable feu de pinède, gonflé par le vent des Landes et la rumeur populaire. Imperturbables au milieu des flammes, Cantat et ses pyromanes brandissent aujourd’hui leur bouillonnant troisième album en guise de torche effrontée. A six heures ce matin, les pompiers n’avaient toujours pas circonscrit l’incendie.