Invité sur France Inter à l’occasion de la sortie l’adaptation en film de son livre “Le Consentement”, Vanessa Springora est revenue sur son passé avec Gabriel Matzneff et la personnalité de Denise Bombardier.
Invitée au micro de Sonia Devillers sur France Inter ce matin aux côtés de la jeune comédienne Kim Higelin, Vanessa Springora a pu revenir sur le film Le Consentement, adaptation de son livre éponyme en salle dès aujourd’hui. Paru en 2020, le livre racontait l’emprise que le célèbre écrivain Gabriel Matzneff entretenait sur elle dans les années 1980, alors qu’elle n’avait que 14 ans.
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Questionnée sur ce que représente le long métrage pour elle, Vanessa Springora déclare : “Artistiquement, le film apporte quelque chose que les mots peut-être ne peuvent pas atteindre de la même manière, il y a cette frontalité de l’image”.
“En réalité ce sont des histoires de viol”
Elle revient aussi sur la personnalité de son agresseur Gabriel Matzneff, visé par une enquête pour viols sur mineures, et qui racontait ses ébats avec elles dans ses romans et en parlait librement à la télévision sans être inquiété : “C’est quelqu’un qui vit complètement enfermé dans son narcissisme. Un double-narcissisme puisque c’est un prédateur sexuel qui cherche ses proies et victimes à la sortie des collègues et des lycées, mais c’est aussi un prédateur littéraire puisqu’il exploite ensuite ses histoires d’amours – que lui considère comme des histoires d’amour –, alors qu’en réalité ce sont des histoires de viol.”
À l’époque, Denise Bombardier est l’une des seules à s’opposer frontalement à Gabriel Matzneff et à ses écrits. Tous deux présent·es sur le plateau d’Apostrophes, et alors que le présentateur rigole des récits sexuels de l’écrivain avec des adolescentes, la romancière canadienne prend la parole : “Moi, monsieur Matzneff me semble pitoyable. Il nous raconte qu’il sodomise des petites filles de 14 ans, de 15 ans. […]. On sait que les vieux messieurs attirent les petits enfants avec des bonbons, Monsieur Matzneff, lui, les attire avec sa réputation”. Des déclarations “d’une modernité extraordinaire”, selon Vanessa Springora, qui voulait avec ce livre “rendre justice” à cette femme “conspuée par toute l’intelligentsia parisienne”.
“Dans la prise de conscience des violences sexuelles faites aux mineurs – puisque cette histoire est emblématique de celle de beaucoup de jeunes filles, comme il en existe des milliers, ce n’est pas seulement mon histoire – c’est très important de montrer ce choc que, peut-être par pudeur, je n’ai pas creusé autant que j’aurais aimé le faire, mais je n’en ai pas été capable. Et je trouve qu’au cinéma, on peut atteindre cette violence-là”, ajoute Vanessa Springora.
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