La sixième étude annuelle sur le sexisme du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes met à mal l’idée selon laquelle les jeunes générations seraient plus éveillées aux violences sexistes qui les entourent…
Les garçons sont-ils moins sexistes que leurs pères ? Observe-t-on une réelle évolution dans les relations femmes-hommes, de l’école au travail, en passant par Internet ? Aujourd’hui, la rhétorique dominante voudrait que la situation aille en s’améliorant, les nouvelles générations étant censées être plus déconstruites et moins enclines à perpétuer les schémas sexistes d’antan. Vraiment ?
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Selon le 6e état des lieux du sexisme du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), la réalité reste largement plus nuancée. Le document met en effet l’accent sur une certaine tolérance du sexisme chez les hommes, avec des chiffres inquiétants : un homme sur cinq de moins de 35 ans considère normal de gagner mieux sa vie qu’une femme à poste égal.
Des stéréotypes qui ont la peau dure donc, et même auprès des femmes, chez qui ils auraient tendance à s’accroître de plus en plus. Pour 34 % des femmes de 25-34 ans, il est normal qu’elles “arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants”.
Victimisation
De plus, après les révolutions que furent #MeToo et #BalanceTonPorc, remettant les violences sexistes et sexuelles sur le devant de la scène, un ressentiment semble s’être créé chez les jeunes hommes. En effet, plus de la moitié des 25-34 ans estiment que l’on s’acharne sur eux (52 %) et qu’il n’est plus possible de vouloir séduire une femme sans être vu comme misogyne (59 %).
Certains vont même jusqu’à dire qu’il serait aujourd’hui plus dur d’être un homme dans la société que d’être une femme. L’étude parle ainsi d’une forme de “passivité, voire d’hostilité et de résistance à l’émancipation des femmes”, 37 % des hommes déclarant que le féminisme menace leur place et leur rôle dans la société.
On trouve un écho particulier à cette tendance sur les espaces numériques : selon le HCE, sur les 100 contenus les plus vus d’Instagram, 68 % “propagent des stéréotypes de genre”. Pour ce qui est du porno, il assoit toujours plus son statut d’éducateur sexuel pour les jeunes garçons. Selon la présidente de l’HCE, Sylvie Pierre-Brossolette, invitée sur France Inter le 22 janvier, “la moitié des garçons de 12 ans disent que c’est normal de pratiquer la violence pendant l’acte sexuel, et que les filles s’y attendent et aiment ça”.
Disparités dans les relations
Autre sujet brûlant : la répartition des tâches ménagères. Selon le Haut Conseil, seulement 37 % des hommes considèrent comme “problématique” le fait qu’une femme soit aux fourneaux tous les jours pour nourrir sa famille. Même chose sur le terrain de la séduction, où il est normal pour 37 % des hommes de 25-34 ans que les femmes prennent plus soin d’elles et pour 40 % qu’elles n’aient pas à payer l’addition au premier rendez-vous (un chiffre allant même jusqu’à 49 % chez les 15-24 ans).
Preuve s’il en fallait qu’un imaginaire collectif sexiste subsiste dans les mentalités : 69 % des hommes de 25-34 ans pensent qu’ils doivent protéger les femmes (contre 67 % pour les femmes), quand 58 % considèrent que les femmes sont naturellement plus douces qu’eux.
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