Arrivé en tête du premier tour des élections législatives, le RN est aux portes du gouvernement. Il nous faut un barrage républicain, sans “oui, mais”.
C’est une photographe croisée sur la place du Forum à Arles qui me dit : “Je viens de pleurer pendant 30 minutes. Avec MeToo, ces dernières années, j’ai eu le sentiment que les choses allaient dans le bon sens. Mais non.” C’est un chef cuisinier croisé au Luma, un centre d’art qui inaugurait ses nouvelles expositions ce week-end, qui me dit : “Ce matin, sur le marché, j’ai senti des regards appuyés.” Le chef en question est racisé. Je ne l’ai pas recroisé depuis les résultats des élections législatives du premier tour.
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Dimanche 30 juin, 12 millions de Français·es ont voté pour l’extrême droite. Ils et elles étaient moins de 3 millions à le faire en 2017. Il s’agit, aujourd’hui, de sécher ses larmes pour bâtir un barrage républicain, qui lui seul pourra bloquer, je l’espère, la victoire du RN. Pour ce faire, tout·e candidat·e arrivé·e en troisième position à l’issue du premier tour doit se désister. Objectif : permettre aux deux premiers·ères candidat·es de s’affronter, l’un représentant le front républicain, l’autre l’extrême droite, et ainsi empêcher l’éparpillement des voix.
Voter devient un gage collectif humaniste
Ça vous rappelle quelque chose ? 2002 ? 2017 ? C’est lassant, agaçant, frustrant. Ça vrille quelque chose dans l’esprit. On se sent démuni·es, impuissant·es, et lourd·es. Lourd·es d’un poids qui nous dépasse. Et pourtant, c’est à mon sens la seule et unique chose à faire cette semaine : construire un barrage, et appeler le maximum de citoyen·nes à le tenir, ce barrage, qui risque sinon de s’effondrer bien vite. Voter devient, cette semaine, un gage collectif humaniste, une priorité absolue.
Faire barrage, sans “oui, mais”, sans “ni, ni”, sans bifurcations inutiles au vu du peu de jours qu’il nous reste. Qu’il nous reste avant de nous retrouver dans un gouvernement d’extrême droite au passé et aux valeurs xénophobes, racistes, antisémites, anti-européennes, un parti populiste qui méprise la culture, le journalisme, la liberté d’expression, qui méprise les femmes, les personnes racisées, les personnes LGBTQIA+. Un parti qui n’a jamais changé, si ce n’est dans sa stratégie de communication. Un parti dont l’accession au pouvoir aurait pour conséquence un changement politique, mais aussi le surgissement de comportements haineux décomplexés.
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