En mai 2023, une vingtaine de membres du groupe d’extrême droite “L’Oriflamme Rennes” avaient manifesté et scandé des slogans haineux devant une médiathèque qui accueillait un atelier de lecture animé par trois drag queens.
En mai dernier, le groupuscule d’extrême droite “L’Oriflamme Rennes” avait perturbé une lecture drag pour enfants à coups d’intimidations et de slogans discriminants à Saint-Senoux, près de Rennes. Comme le note Le Parisien, lundi 9 octobre, l’un des leaders du groupe, Paul Carton, a été reconnu coupable d’organisation d’une manifestation non déclarée et de provocation à la haine en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. Pour ces faits, le tribunal a condamné l’ex-leader de l’Action française à Rennes à quatre mois d’emprisonnement et à une amende de 500 euros. L’homme de 24 ans, qui n’était pas présent au tribunal le jour de l’audience, devra aussi verser 800 euros à chacune des trois drag queens qui animaient cet atelier.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Vêtus de noir et masqués, une vingtaine d’hommes étaient arrivés par surprise devant la médiathèque de Saint-Senoux peu avant le début de l’atelier. Les membres de l’Oriflamme avaient alors brandi une banderole disant “À nos enfants inculquez nos racines n’imposez pas les drag queens”, tout en scandant “Non au drag dans l’espace public”, “Moins de trans, plus de France” et “LGBT dégénérés”.
Organisé par la mairie dans le cadre d’une programmation appelée “Égalité des genres : parlons-en !”, l’évènement, qui a tout de même eu lieu, consistait en la lecture de contes pour enfants abordant des questions telles que la diversité, la déconstruction des stéréotypes ou encore l’identité de genre. Trois drag queens déguisées en robot, princesse et escargot ont animé cet atelier devant des enfants de trois à six ans. Une initiative inoffensive que l’Oriflamme a qualifiée dans un communiqué de “propagande orchestrée par le lobby LGBT afin de modeler les consciences des jeunes générations encore dépourvues de tout esprit critique”. “Les ‘drag queens’ sont des militants qui, sous couvert de ‘prestations artistiques’, promeuvent leur mode de vie basé sur leur sexualité dépravée”, a ajouté le groupuscule d’extrême droite.
Une haine anti-drag de plus en plus violente
Depuis plusieurs mois, les réseaux d’extrême droite ont ainsi trouvé leur nouvelle cible : les drag queens et les ateliers pour enfants qu’elles animent. En 2019, la directrice de la bibliothèque Louise Michel à Paris avait reçu plusieurs centaines de messages haineux et de menaces après avoir invité des artistes drag à lire des contes aux enfants. En décembre 2022, la drag queen La Maryposa avait été la cible de nombreuses menaces à l’annonce de son spectacle pour enfants à Bordeaux. En janvier 2023, la mairie de Toulouse avait préféré annuler une lecture drag face au déferlement de menaces dont les artistes avaient fait l’objet.
Même rengaine aux États-Unis, où la haine anti-drag se fait de plus en plus violente. En décembre dernier, une soixantaine de militants d’extrême droite s’étaient rendus avec des fusils d’assauts et en tenue militaire dans une école primaire qui accueillait une lecture drag, évidemment annulée au regard du danger.
{"type":"Banniere-Basse"}