Une pétition accusant le dessinateur de pédopornographie s’oppose à l’organisation d’une exposition par le festival de la BD.
Pour sa 50e édition, le festival international de la BD d’Angoulême (FIBD), qui se tient du 26 au 29 janvier donne à Bastien Vivès “carte blanche” pour organiser, jusqu’en mars, l’exposition Dans les yeux de Bastien Vivès, consacrée à son travail. Le dessinateur de 38 ans est l’auteur de Polina, du Chemisier, de Ma sœur, ou encore des Melons de la colère.
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Que lui reproche t-on ? Le dessinateur lui-même n’est pas accusé de pédocriminalité, en revanche, ses propos tenus lors d’entretiens ainsi que sur Internet, sont mis en cause : “Moi déjà, l’inceste ça m’excite à mort. Pas celui de la vraie vie, mais celui raconté, je trouve ça génial. Tous ces trucs-là font des histoires incroyables. Quand tu transgresses, quand tu fais quelque chose que t’as pas le droit de faire, c’est agréable à lire,” déclarait-il en 2017 dans une vidéo sur le site de Madmoizelle (retirée depuis). Surtout, il est reproché à ses œuvres une forme de complaisance et une sexualisation de personnages mineurs. Une pétition, qui circule actuellement, demande la déprogrammation de l’exposition et dénonce une “banalisation et l’apologie de l’inceste et de la pédocriminalité” : elle a recueilli plus de 46 000 signatures. Elle est diffusée à l’initiative d’Arnaud Gallais, cofondateur du collectif Prévenir et Protéger, qui défend les droits des femmes et des enfants. Celui-ci a également interpellé la ministre de la Culture, sur Twitter.
“On peut tout dessiner”, répond Bastien Vivès
La dessinatrice Emma a pris position, tout comme la comédienne Andréa Bescond, militante contre l’inceste, qui a relayé sur Instagram : “Tu es le Festival de bande dessinée d’Angoulême. Tu consacres une exposition à Bastien Vivès qui a créé l’ouvrage ‘Petit Paul’, qui fait l’apologie de l’inceste, de la pédocriminalité, de la pédopornographie. Il y a des milliers d’autrices et d’auteurs magnifiques, mais toi, tu choisis Bastien Vivès. (…) C’est de la culture du viol.”
En cause, notamment, son roman graphique Petit Paul (2018), qui met en scène un enfant de dix ans doté d’un sexe disproportionné et violé par plusieurs personnages adultes : le codirecteur artistique du festival, Fausto Fasulo, s’est défendu, jugeant, dans Libération, l’ouvrage en question “grotesque, rabelaisien” et niant vigoureusement “une quelconque forme de banalisation de crimes sexuels ou d’incitation”.
Interrogé dans Libération, le dessinateur s’est lui aussi défendu, au nom de la liberté artistique : “On peut tout dessiner, à partir du moment où le contexte de réception est soigneusement travaillé. Là, des gens isolent des morceaux de bandes dessinées ou des extraits d’interviews pour prouver que je suis pédophile, et ça fait gonfler leur communauté sur les réseaux sociaux. Je suis dégoûté mais aussi effrayé que certains dessinateurs entretiennent publiquement l’ambiguïté entre mes dessins et mes actes réels”.
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