Pour commencer 2024, le musée d’Orsay se met au diapason et ouvre ses portes à l’esprit fou d’Hortense Belhôte pour un escape game singulier au milieu des œuvres du XIXe siècle.
Mêler visite d’un musée et escape game, c’est le défi fou que s’est lancé Hortense Belhôte, comédienne et professeure d’histoire de l’art, en investissant les couloirs du musée d’Orsay pour plusieurs performances mouvementées.
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Invitée directement par l’établissement pour une carte blanche, la présentatrice du programme court Merci de ne pas toucher! sur Arte explique avoir vu dans cette proposition l’opportunité de “mobiliser le public” : “C’est un petit peu le fantasme du prof et de l’artiste d’arriver à faire en sorte que le public soit partie prenante et actif.”
S’enchaînent ainsi duels d’équipes, jeux de pistes, rébus et énigmes : une enquête bien rodée et étonnante menée d’une main de maître par Hortense Belhôte, irrésistiblement drôle, qui nous souffle dans une oreillette les anecdotes et secrets des tableaux alentours.
(Re)voir l’histoire
Une initiative divertissante donc, mais qui se pare d’une teneur culturelle et politique toute particulière. Car Hortense Belhôte, avec toute la fantaisie qui l’habite, propose de parcourir les expositions en posant un regard à la fois féministe et décolonial sur ces œuvres du XIXe siècle, tout en allant chercher “sous ces apparences normatives et violentes” ce qu’elles cachent : “Quand on rentre au musée d’Orsay, on a les orientalistes à droite et les femmes à poil à gauche, donc en soit, il y a plein de choses qui ne vont pas dans le discours, mais en même temps, tout est beau.”
Passer au-delà de la beauté pour “échapper aux héritages douteux du XIXe siècle”, vaste projet qui permet à la comédienne de voir large : Manet, Millet, Latour, Monet, Tissot… Tant de peintres renommés dont le travail nécessite parfois une recontextualisation selon Hortense Belhôte, qui voit dans ce siècle un cas à part, à la fois “problématique” et “paradoxale”, mais “qui se prête vraiment à cette idée de médiation” : “Il est assez proche de nous, on en est aujourd’hui encore largement héritiers, et c’était une époque où les musées existaient déjà, ce qui fait que les œuvres qui y sont nées étaient faites pour être présentées au public. Mais c’est aussi un vrai moment de régression du droit des femmes avec le Code Napoléon, des femmes artistes également, qui vont être interdites d’entrer à l’école des Beaux-Arts, et enfin, c’est l’explosion des valeurs bourgeoises, capitalistes et coloniales.”
Sans jamais en faire un cours d’histoire de l’art, la guide relève avec pertinence les représentations datées, les pénis omniprésents, ou encore les clichés sexistes et racistes véhiculés. Avec cette idée en tête, Hortense Belhôte et son équipe ont monté de toutes pièces une amusante chasse au trésor où apprendre et s’amuser vont de pair. Vous vous retrouverez galvanisé·es par l’enquête, enrichi·es par la visite et chanceux·ses d’avoir pu voir cette brillante comédienne de si près !
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