La Suédoise lance la version française de The Porn Conversation, une plateforme dédiée au dialogue entre adultes et ados sur les films pornos. Et milite pour une vision inclusive et enrichissante.
“Alors moi, je suis OK pour les fellations, l’anulingus, le pegging avec un strap-on, par contre les doigts dans l’anus, pas du tout.
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– Moi j’aime bien le vibro, ça me fait jouir systématiquement. J’aime bien les baisers. Mais je ne veux pas de sodomie, ni de crachat. Oh, et pas d’insultes. Sauf si c’est drôle !
– Personnellement, je n’aime pas qu’on me pince les tétons, c’est trop sensible. Après, toutes les pénétrations, c’est OK. Les doigts, le fisting… Vous risquez d’avoir mal à la main, je vous préviens.
– Comment je jouis ? Il suffit de me toucher les boules. Ça marche direct.
– Ah et les câlins ! J’adore les câlins.
– Moi aussi ! Vive les câlins !”
Les mots résonnent dans un silence religieux. Nous sommes dans la salle de réception d’un chic boutique-hôtel du IXe arrondissement parisien. Sur grand écran, chacun·e des sept performeurs et performeuses, habillé·es en peignoir, explique à la réalisatrice Erika Lust, hors champ, et à leurs partenaires leurs do et don’t sexuels. Leurs frontières personnelles et leurs envies. La scène se passe juste avant le tournage du film Dirty Martini Sex Party.
Le court métrage, une orgie joyeuse et festive, destiné à la plateforme XConfessions, est aussi projeté sur grand écran, et il commence à faire un peu chaud dans la salle. À la fin, les soixante-dix convives applaudissent vivement Erika Lust, la productrice et réalisatrice suédoise de films adultes indépendants, basée à Barcelone et présente exceptionnellement à Paris.
The Porn Conversation, un projet didactique
“C’est la première fois que je vois un film porno entouré de soixante-neuf personnes !”, me glisse une journaliste, la soixantaine élégante. Je lui réponds qu’en ce qui me concerne, en 2016, j’avais été jurée à la Fête du Slip de Lausanne et que j’avais vu vingt-six films pornos queer et éthiques en trois jours. Ça faisait un peu beaucoup… “Quelle chance ! Et vous avez vu comme ils avaient tous l’air de vraiment prendre du plaisir ? C’est beau, en fait…” La projection est un succès, mais si Erika Lust est à Paris en ce mois de mars 2023, ce n’est pas tant pour défendre ses films adultes éthiques que pour parler de The Porn Conversation, un projet non lucratif.
La plateforme offre des outils gratuits et accessibles sous forme de “fiches”, aux parents et aux éducateur·rices, pour parler plus facilement de sexualités et de pornographies aux préados et aux ados. Créés par des sexologues et des éducateur·rices à la sexualité, ces tips accompagnent les adultes dans une discussion pas toujours simple. The Porn Conversation existe depuis sept ans, mais les contenus viennent tout juste d’être traduits en français. Rencontre avec une pornographe engagée qui veut briser un tabou et sortir du déni : les jeunes (oui, même votre sage Jade, 14 ans, et votre adorable Mathis, 11 ans) regardent ou tombent sur du porno. Et il faut leur en parler.
Pouvez-vous me raconter comment est né ce projet, The Porn Conversation ?
Erika Lust — Je suis productrice et réalisatrice de films adultes, mais également maman de deux enfants, de 12 et 15 ans. J’ai constaté que d’autres parents voulaient savoir comment je gérais le fait de combiner les deux, et si j’en avais parlé à mes enfants. J’ai réalisé que la plupart d’entre eux pensaient que je cachais mon activité, que c’était quelque chose de honteux dont je ne devais pas parler à mes enfants.
Et c’est le cas ?
Pas du tout ! Je suis très fière de ce que je fais, et surtout je pense qu’il est nécessaire de parler aux enfants, aux ados et aux jeunes adultes, non seulement de sexualités mais aussi de porno. Le porno est devenu un média de masse, c’est un tiers du trafic sur internet et depuis que les tubes type PornHub, YouPorn, etc. ont la mainmise sur l’industrie, depuis douze ans environ, ils ont rendu le porno accessible à tous, partout dans le monde. Il suffit d’avoir un smartphone. Il n’y a plus la barrière du paiement, il est facilement visible de tous, nos enfants inclus. Les statistiques montrent que dès l’âge de 9 ans, ils et elles tombent sur des images pornos. Parfois, ils et elles peuvent les chercher, veulent savoir ce que c’est, parfois un·e copain·ine va les leur montrer, parfois enfin ça apparaît, façon pop-up, sur leurs écrans.
“En 1955, la Suède est devenue le premier pays au monde à rendre obligatoire l’éducation sexuelle et de genre dans les écoles”
À 12 ans, 50 % des jeunes ados ont déjà vu du porno, à 15 ans, on est autour de 90 %. Filles comme garçons. Cela change complètement la façon dont nous devons envisager l’éducation sexuelle. En 1955, la Suède est devenue le premier pays au monde à rendre obligatoire l’éducation sexuelle et de genre dans les écoles. Dans d’autres pays, l’éducation sexuelle est obligatoire. Mais très peu ont intégré le fait que la pornographie a supplanté l’éducation sexuelle.
Que l’on soit mal à l’aise ou pas avec cette idée, c’est la réalité. Les enfants qui n’ont pas l’éducation sexuelle qu’ils méritent à l’école, qui ne peuvent pas en parler chez eux au sein de leur famille n’ont, comme ressources, que les discussions de vestiaires avec les ami·es et la pornographie.
En quoi cela est problématique, selon vous ?
On pourrait parler des heures du fait qu’il y a sur ces tubes beaucoup de contenus violents, principalement misogynes, promouvant l’ultra-sexualisation des teens, mais aussi parfois transphobes et racistes. Mais surtout, en tant que parent et en tant que pornographe responsable, je pense qu’il est crucial que nous expliquions aux jeunes générations que le porno, ce n’est pas la même chose que le sexe, que c’est une fiction exagérée du sexe, réalisée par des professionnel·les, réalisateur·rices et performeur·ses.
Le plus gros problème ici, c’est que, contrairement aux adultes, les ados qui regardent ce porno si accessible pensent que c’est ainsi qu’ils et elles doivent agir, que le sexe, c’est fait comme ça. Plusieurs études ont montré que les ados tentaient ensuite de reproduire ce qu’ils et elles avaient vu en ligne, dans la vraie vie. Quand ils et elles jouent à des jeux vidéo ou regardent des films, ils et elles savent que c’est de la fiction, mais avec le porno, c’est beaucoup moins évident. Donc le message principal qu’on doit leur répéter, c’est : le porno, c’est de la fiction.
Ovidie avait écrit un essai sur le sujet qui s’appelait À un clic du pire. Le problème fondamental est-il là : l’accessibilité en un clic ? Le gouvernement français est en train de tester un système de vérification de l’âge pour empêcher les mineur·es d’accéder aux contenus des sites pornographiques. C’est un début de solution selon vous ?
Le porno est supposé s’adresser à un public adulte et devrait être payant. Sans ce coût, il ne peut y avoir de production éthique, avec des acteurs et actrices payé·es correctement et traité·es correctement. Donc oui, cet accès est un problème, mais, en même temps, il est difficile de le restreindre aujourd’hui. Nous savons que les pays qui ont essayé de mettre en place ce système de vérification de l’âge, comme l’Angleterre, certains États américains et bientôt apparemment la France, ont des difficultés à l’implémenter. Il y a des moyens de le contourner, via des VPN notamment, qui permettent de se connecter depuis des pays voisins.
Un autre problème est l’anonymat, pour les adultes. Je ne sais pas si vous vous souvenez du scandale du piratage du site de rencontres extraconjugales Ashley Madison, qui s’est déroulé aux États-Unis il y a quelques années [en août 2015]. Des données personnelles avaient fuité, cela avait eu de graves répercussions sur la vie des gens, il y avait même eu des suicides, liés à des chantages de la part de hackers. Il y a un véritable problème de confidentialité.
“Il faut intégrer le sujet du porno au sein de l’éducation sexuelle, pour faire en sorte que les nouvelles générations deviennent des consommateur·rices conscient·es”
Imaginez, vous êtes institutrice et vous êtes branchée BDSM – vous en avez d’ailleurs absolument le droit, vous êtes une adulte consentante ! – et vos recherches pornos fuitent. Il y a un risque de problèmes dans votre école, dans votre entourage… Ce n’est pas si simple de restreindre l’accès, c’est même compliqué. Je dis toujours que la censure n’est pas la meilleure façon de régler les choses. L’éducation est le meilleur outil. En tant qu’adultes, parents, éducateur·rices, nous devons aider les jeunes à comprendre que le porno est un média, et donc, en tant que média, il véhicule des messages qui nous impactent. Il faut intégrer le sujet du porno au sein de l’éducation sexuelle, pour faire en sorte que les nouvelles générations deviennent des consommateur·rices conscient·es, capables d’analyser, de critiquer et de comprendre ces messages.
Vous ne souhaitez pas diaboliser le porno et vous défendez un porno alternatif, éthique. Mais est-ce que c’est viable financièrement ? En Europe, il y a vous et… pas grand monde !
Il est vrai que mon entreprise produit, mais distribue également. Nous avons plusieurs plateformes en ligne et avons un véritable public. C’est un business indépendant, il nous appartient, à moi et à mon mari. Nous en sommes les seul·es investisseur·ses. Nous avons cinquante salarié·es, dans nos bureaux à Barcelone, donc, oui, c’est une organisation viable. Souvent les autres entreprises de porno indépendant dans le monde sont gérées par une seule personne. Mais j’ai pu constater qu’il y avait de plus en plus de festivals de porno indépendant, de réalisateurs et réalisatrices, de performeurs et performeuses qui créent du contenu indépendant.
Par ailleurs, ces dernières semaines, on a appris qu’un fonds d’investissement [canadien], appelé Ethical Capital Partners, avait acheté MindGeek, et donc par extension PornHub. Ils parlent de transformer l’entreprise avec des règles plus éthiques. Bon, on verra bien ce que cela donne, mais cela montre bien l’influence que nous, producteurs indépendants, avons eue sur ce “big porno”. Les choses sont peut-être en train de changer.
“Je crois vraiment au potentiel d’un porno différent, je pense qu’il peut y avoir une pertinence culturelle et une valeur artistique”
Est-ce que le mouvement MeToo a eu un impact sur votre travail, et pourquoi n’y a-t-il pas eu de MeToo dans le porno ?
Concernant MeToo et le porno, il faut bien se rappeler quelque chose : dans le porno, le produit avec lequel nous négocions est le sexe. Le sexe est sur la table, et non pas sous la table comme dans d’autres industries, vous voyez ? C’est important de le savoir. Par ailleurs, en tant qu’acteurs et actrices de l’industrie pornographique, nous sommes hautement stigmatisé·es au sein de la société. Donc il y a une grande peur chez les gens qui travaillent dans ce domaine de parler publiquement des problèmes, car cela serait utilisé pour diaboliser encore plus le porno. Beaucoup de personnes, dans cette industrie, doivent se battre pour plus de reconnaissance et de respect, et ils ne veulent pas détruire le business. J’ai pu le constater, car j’ai été une des rares voix critiquant ouvertement le porno des sites gratuits en ligne.
Attention, je l’ai fait avec beaucoup d’amour et de passion, justement car j’aime le porno – je crois vraiment au potentiel d’un porno différent, je pense que ça peut être autre chose que la simple représentation de coïts, qu’il peut y avoir une pertinence culturelle et une valeur artistique. Le porno peut être un outil d’empowerment, d’inspiration, voire d’éducation pour les adultes. Il peut nous aider à grandir, en tant qu’êtres humains sexuels. Cela étant dit, au sein de l’industrie, peu de personnes osent critiquer. Car à chaque fois qu’on le fait, il y a des attaques, venant souvent de mouvements réactionnaires, de droite et chrétiens. Des gens qui militent par ailleurs contre les droits des femmes et contre les droits LGBTQI+. Or, cette industrie, ces dernières années, s’est réellement ouverte aux personnalités LGBTQI+ et féministes, défendant l’idée de pouvoir, pour une femme, utiliser sa sexualité comme levier d’émancipation. Toutes ces personnes craignent de perdre cet espace. Et ils et elles se sentent également blessé·es par certaines féministes radicales, qui attaquent et infantilisent les travailleuses du sexe.
Quand les attaques extérieures viennent de toutes parts, ce n’est pas simple d’être dans une critique constructive interne, c’est cela ?
Oui. Et je pense aussi que le porno est le seul espace, au sein de la société, où l’on peut exprimer des pensées, des idées, des désirs liés au sexe. On vit toujours dans une société sex-negative. Regardez les plateformes et les réseaux sociaux : le sexe est vu comme honteux, il est banni et censuré. L’autre jour, je vous cherchais sur Instagram. Eh bien, vous êtes shadowbanned !
Ah bon, moi je suis shadowbanned ?
Je crois que oui ! J’ai noté correctement votre nom, mais je ne pouvais pas vous trouver. J’ai dû passer par une amie, que vous aviez en amie, etc. pour enfin trouver votre profil, qui est caché par l’algorithme. Et vous n’êtes même pas une travailleuse du sexe, ni une performeuse. Vous parlez juste de sexualité comme objet sociétal. Beaucoup de personnes que je connais, qui prennent la parole sur ce même sujet, sont bannies par les plus grands médias mondiaux ! Selon moi, c’est une catastrophe, c’est de la censure et c’est une attaque contre nos libertés. Je me sens vraiment énervée à ce sujet.
“Le problème, c’est : qui domine aujourd’hui le monde en ligne ?”
Moi, mon compte a été fermé il y a un an et j’ai perdu mes 500 000 abonné·es. Quant à mes deux conférences TEDx Talks, elles apparaissent peu dans les recherches sur YouTube. À côté de ça, il y a un autre talk TEDx très anti-porno de base qui, lui, a des millions de vues. Mais le fait que je veuille parler des pornographies et que je parle de mon expérience en tant que mère, que je défende l’idée qu’il faut avoir des discussions sur le porno avec ses enfants, que c’est essentiel dans le monde d’aujourd’hui, eh bien ça, YouTube le censure. Honnêtement, c’est une attaque contre la liberté d’expression, c’est une attaque contre nos voix !
Le problème, c’est : qui domine aujourd’hui le monde en ligne ? Des hommes de la tech, blancs et riches. Ce sont eux, avec leur système de valeurs, qui décident de qui a le droit de s’exprimer et de comment on peut ou non représenter la sexualité. Ma voix n’est pas la bienvenue. La vôtre n’est pas la bienvenue. Celle de mes ami·es travailleuses et travailleurs du sexe n’est pas la bienvenue. Celle de mes ami·es sexologues n’est pas la bienvenue. Celle de mes ami·es artistes n’est pas la bienvenue. Celle de mes ami·es LGBTQI+ n’est pas la bienvenue. C’est quand même dingue ! C’est pour ça que je répète que le porno est le seul espace où on peut s’exprimer. Ailleurs, on est interdit·es.
Vous analyseriez cela comme un backlash, à la suite des prises de parole de nombreuses femmes et féministes dans les médias ? Vous pensez qu’il y a un mouvement masculiniste grandissant ?
Voyez le compte d’un mec comme Andrew Tate [influenceur masculiniste banni de Twitter en 2017 pour des propos ultra-misogynes et rétabli en 2022 à l’arrivée de son nouveau propriétaire, Elon Musk]. Lui n’a pas été censuré pendant très longtemps. Ça, ce serait OK ? Ce que je constate, c’est que sur les réseaux sociaux, vous pouvez publier une image sexiste ou sexy. Si je veux montrer mes seins, sans les tétons bien sûr, on me l’autorise. Sur le compte d’un millionnaire, qu’on peut voir posant avec des filles en bikini, des bagnoles de luxe et des armes, il y a une image où il a les pieds posés sur une fille dénudée à quatre pattes, comme si elle était une table, et il a posé sur son dos un trophée. Cette image, c’est OK, Instagram trouve que c’est cool. Mais quand moi je poste une photo professionnelle, sensuelle, sur laquelle deux filles, qui ne sont pas des mannequins, s’embrassent, cette image est interdite et supprimée. Si je publie une photo d’une fille sexy en bikini, si elle est mince et blanche, ça passe. Si c’est un corps différent, par exemple un corps gros, ou un corps avec des poils pubiens, ce n’est pas accepté.
Quelle est la solution ?
Il nous faut plus de femmes dans la tech ! Nous avons besoin de changer les normes, sur la sexualité comme sur le porno. On supprime certains de mes comptes sur les réseaux sociaux, je suis stigmatisée par de nombreuses personnes en ligne, je ne suis pas autorisée à faire du marketing en ligne car c’est du contenu adulte. Que me reste-t-il comme espace ? Peut-être la rue, pour faire la révolution ?
Je voudrais parler de l’homme dans l’ombre d’Erika Lust. Pablo, votre mari, est votre associé depuis vingt ans. Comment travaillez-vous ensemble ?
Il me fait mon café ! [rires] Je rigole, mais pas tant que ça. Il me fait vraiment mon café ! Moi, je suis plus la partie créative de l’entreprise. Lui m’aide sur le côté business. Et puis, je m’appuie sur ses privilèges d’homme ! Il est de bon conseil. Au début, j’étais trop perfectionniste, je doutais beaucoup, et je voulais tout le temps tout refaire. Il m’a appris que si je voulais progresser, il fallait que je finisse mes projets. “Better done than perfect” [“Fait plutôt que parfait”], me disait-il. J’y pense encore aujourd’hui quand je doute trop. Il m’a aussi appris le “Fake it until you make it” [“Fais comme si, et ça viendra], qui est un truc encore trop masculin. En tant que femmes, nous devons plus nous affirmer, et oser prendre de la place.
Vous m’avez confié tout à l’heure que quand vous avez réalisé votre premier film, dans votre vingtaine, votre maman n’était vraiment pas contente. Et aujourd’hui ?
Toujours pas !
Que diriez-vous aujourd’hui à la personne que vous étiez à 20 ans ?
Je lui dirais que je suis fière d’elle. Le chemin a été difficile, j’ai dû lutter contre beaucoup d’obstacles. Quand quelqu’un a du succès, on a l’impression que sa route a été facile. Mais ça n’a pas été facile, il y a eu beaucoup de hauts et de bas. J’ai commencé tout cela parce que je voulais changer les règles. J’étudiais les sciences politiques, je voulais travailler pour les droits des femmes. Quelque part, c’est ce que j’ai fait. Je n’ai pas pris le chemin que souhaitait ma mère, mais j’ai trouvé mon propre chemin. Donc je dirais à mon moi de 20 ans : “N’écoute pas ta maman !” [rires]
Ce midi, à Paris, je déjeunais dans un restaurant, une jeune femme est venue me voir, et m’a dit : “Merci, voir vos films a changé ma vie.” Ces moments qui arrivent parfois me montrent que ce que je fais, qui me semble parfois petit, peut avoir un impact intime et social important. Quand je reçois un mail d’un homme qui passait sa vie sur les tubes pornos et qui m’écrit : “Vous avez changé totalement ma vision du porno”, je me dis que c’est fou. J’adore l’idée de travailler dans le porno, parce que quelque part je me sens comme une espionne féministe, plongée au cœur de la masculinité. Les mecs, vous pensiez que ce domaine vous était réservé, que vous étiez dans une bulle, tranquilles entre vous, que vous pouviez utiliser les femmes comme de simples objets sexuels pour votre propre plaisir ? Eh bien non, je suis là ! Je suis rentrée dans la bulle ! Et si on changeait de perspectives ?
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