L’une des meilleures romcoms de la télévision US revient cette semaine pour une nouvelle saison. Pour tous les amateurs de feel good tv subtile et addictive.
Manhattan Love Story, A to Z ou Marry Me, la rentrée série 2014 mettait la romcom à l’honneur et multipliait les hommages au genre. Avec quelques bonnes interprétations (l’impeccable Cristin Milioti – Zelda dans A to Z – et la très fraîche Analeigh Tipton – Dana de Manhattan Love Story) mais des concepts faiblards, aucune de ces séries citées ne connaitra de seconde saison cette année. Pourtant, de cette flopée de séries taguées comédie romantique, You’re the Worst, nouveauté de la chaine FX, s’est révélée être une bonne surprise.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le pitch est simple et efficace: Jimmy (Chris Geere) et Gretchen (Aya Cash) rejettent l’idée d’être en couple. Ils se rencontrent à un mariage, sommet de la symbolique romantique contemporaine. C’est d’une nuit « de baise » que se noue, bien malgré eux, leur relation. N’étant ni l’un ni l’autre dans un rapport de séduction, ils mettent tout sur la table dès leur première nuit ensemble (et dès le premier épisode) : leurs défauts, leur valise et tout ce qui fait d’eux des personnages détestables et attachants.
MODERN LOVE
Il est le plus loser des écrivains et nul avec les femmes. Elle est la plus freak, crado et trash des responsables en relations publiques. Ils sont les pires des amis. Quant aux personnages secondaires – géniaux –, ils sont tout aussi pires les uns que les autres. Un ton cynique et cash, voilà la force de You’re the Worst. On rit – beaucoup – et on s’interroge. Cette fraîcheur fait-elle le ciment de ses nouvelles relations d’aujourd’hui ?
Créée par Stephen Falk, ancien de Weeds et Orange is the New Black, la série prend des allures de romcom générationnelle qui trouve toujours la bonne dose et le bon ton que ce soit dans les scènes de cul, dans les répliques cyniques, dans les moments romantiques, ou dans le maniement de l’ironie. Là où Girls peut parfois sembler enclaver dans un micro-espace où évoluent des hipsters new-yorkais gâtés par la nature, You’re the Worst joue avec brio la carte de l’identification, et ce même sans vivre dans le paysage cool de la Californie.
Je t’aime moi non plus
C’est toujours quand on ne cherche pas de relation que l’on rencontre quelqu’un. Qui n’a jamais entendu ça de la part d’une bonne âme compatissant à un célibat forcé? Si l’adage est sur-usé, c’est en tout cas ce qui arrive à Gretchen et Jimmy, contraints de tomber amoureux. Et pourtant, ils n’y mettent pas du leur. Il ne veut pas la voir si elle a ses règles, ils se trompent à tout-va pour réussir à se dire qu’ils veulent être exclusifs, ils ne mettent aucune forme dans leur manière de communiquer, mais dessinent involontairement une certaine forme de romance.
Dans une interview, sa flamboyante interprète Aya Cash résume très bien la réussite de la série: « Je crois que la romance c’est de ne pas croire qu’une relation puisse marcher, et que ça marche quand même. C’est la chose la plus romantique qui soit. » Et elle joue parfaitement cette fille au non-conformisme assumé, mais qui a aussi évidemment peur d’être blessée. Car c’est finalement ce qui se joue en filigrane de cette romcom décalée. L’histoire d’amour/haine assez classique entre ses deux héros laisse entrevoir par ses failles toutes les fêlures de ses protagonistes. Du non désir d’engagement émerge peu à peu la peur terrible de la solitude et de l’abandon. Plus que dégoûtés par la romance, ces deux trentenaires bruts de pomme ont peur des relations amoureuses. Jimmy ne veut pas se sentir à nouveau incapable de réussir une relation et Gretchen ne veut pas se sentir vulnérable et être quittée. Quant à leurs meilleurs amis, merveilleux Edgar (Desmin Borges) et Lindsay (Kether Donohue), ils ne sont pas en reste d’avoir peur de se faire enfermer dans une vie et une image d’eux-même qui n’est pas la leur.
Happy Together ?
A la fin de la première saison, c’est encore contraints et forcés que Jimmy et Gretchen font évoluer leur relation. Un incendie ayant détruit l’appartement de cette dernière, elle emménage avec son « boyfriend » sans vraiment l’assumer. De nouveaux enjeux se dessinent alors pour ces dix nouveaux épisodes. Peut-on s’aimer et être heureux sans devenir ennuyeux et s’oublier ? Comment décider d’être exclusif et de cohabiter en fuyant le concept de couple? Et surtout comment réussir à en être un, de couple, mais que l’on n’exècre pas trop? On fait confiance à You’re the Worst pour explorer ces questions et nous faire croire encore, sans le vouloir, à la romance, la vraie.
{"type":"Banniere-Basse"}