Série la plus attendue de l’année, « Westworld » sera de retour dimanche pour une seconde saison. Mais avant de commencer, voici une petite présentation en 4 points des enjeux – anciens et nouveaux – déployés par la série star d’HBO.
Plus spectaculaire et sanglante et au premier abord moins méta et cérébrale, la saison 2 de Westworld débarque dimanche sur HBO aux Etats-Unis et dès lundi en France sur OCS. Créée par Jonathan Nolan (frère de Christopher) et Lisa Joy, rappelons que Westworld est une série de science-fiction à gros budget, tirée d’un film de 1973 et pensée par HBO comme une sorte de remplaçante de GoT (qui tirera sa révérence l’an prochain). Après une première saison très réussie et des mois d’attente marqués par la multiplication des théories plus ou moins fumeuses des fans, nous avons enfin pu voir les cinq premiers épisodes de son second exercice, soit la moitié d’une saison composée de dix épisodes d’une durée allant de 50 à 90 minutes (le premier en fait par exemple 70!).
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Où en étions-nous?
Nous avions laissé Westworld au bord du chaos. Dans le final du dernier épisode de la saison 1, Dolores abattait Robert Ford d’une balle en pleine tête et ce devant un parterre de gala composé des plus riches visiteurs du parc. Les androïdes-hôtes se rebellaient et le massacre des humaines se propageait jusque dans la tour de contrôle de ce petit monde où l’élite mondiale avait jusque-là pour habitude de venir assouvir ses vices. Les rêveries des androïdes s’étaient enfin faites désir d’insurrection et de libre arbitre. La guerre était déclarée.
Elle bat son plein dès le début de cette saison 2. Une dizaine de jours après cette terrible soirée, des forces d’intervention spéciales ont investi le parc dans le but de le purger de tous les insurgés et de sauver les quelques humains survivants. Plus que jamais, Westworld est fidèle au Far West où seule règne la loi du plus fort (et plus celle du plus humain). Comme dans la saison précédente, les temporalités s’enchevêtrent et les révélations tombent. On y retrouve également des thématiques à double face déjà abordées ; civilisation/état de nature, capitalisme/anarchie, vérité/mensonge et machine/humain.
Personnages pluriels
Au rayon personnages, tout le monde semble être de la partie excepté le créateur du parc, Robert Ford (mais est-il vraiment mort?). Si les nouveaux personnages ne sont pas pléthoriques, il convient tout de même de réviser les personnages principaux, tant leur identité a évolué au cours de la première saison. Dolores (Evan Rachel Wood) est toujours le personnage central de la série et le plus vieil hôte du parc. On apprend dans la saison 1 qu’elle a eu une histoire d’amour avec un humain prénommé William, en plus de celle qu’elle entretient avec un androïd appelé Teddy. On découvre surtout que son esprit a fusionné avec celui de Wyatt, un androïde ultra-violent, un chef de guerre persuadé qu’il peut défier les « dieux » qui dirigent le parc.
L’homme en noir (Ed Harris) est également de retour. On sait désormais qu’il est le principal actionnaire du parc et que son véritable prénom est William. Cela fait 30 ans qu’il cherche à achever le jeu à énigme concocté pour lui par Robert Ford. Boostée par des capacités poussées à 100%, Maeve, une autre androïde rebelle, cherche toujours sa fille en compagnie de son fidèle bad-boy Hector. Bernard (l’androïde créé par Ford à l’image de son ex-partenaire Arnold) tente quant à lui de se maintenir dans son rôle de directeur du parc tout en cachant sa véritable nature aux humains. Il semblerait enfin que Peter Abernathy, le père de Dolores, ait un rôle central à jouer dans le récit. Les pères sont d’ailleurs au coeur de cette seconde saison puisque le seul véritable nouveau personnage y est James Delos, le père de Logan et beau-père de William, fondateur de Delos Corporation et propriétaire de Westworld.
Nouveaux mondes
« Mondes » au pluriel oui, car on a dans les cinq premiers épisodes droit à non pas un mais deux nouveaux mondes. Si on ne spoilera pas la nature du second, le premier a été annoncé dès la fin de la saison 1. Il s’agit du Japon médiéval, le Shogun World, réputé encore plus brutal que Westworld. A noter qu’au sein du casting japonais figure Rinko Kikuchi, que nous avions déjà vu dans Babel et Pacific Rim 1 et 2. Le monde réel occupe également une place plus importante que dans la saison 1, notamment lorsque les origines du parc sont évoquées ou qu’Arnold emmène Dolores en dehors du parc.
Et nouvelles thématiques ?
Mais au-delà de sa tournure plus spectaculaire et moins intellectuelle (un changement de cap somme toute assez prévisible) et de ses nouveaux mondes (annoncés et finalement plus cosmétiques qu’autre chose), quel est le véritable intérêt de cette seconde saison ? On est en droit de se le demander tant la série semble avoir perdu en profondeur métaphysique, en plus d’être affaiblie par l’absence d’Anthony Hopkins. Si cette fameuse dimension méta, quasi debordienne, cette réflexion sur la nature du spectacle comme pure fabrication destinée à notre simple plaisir de consommateur, peut encore advenir au cours des cinq épisodes restants, la série semble pour l’instant s’être resserrée sur deux enjeux : l’un constitutif de l’ADN immémorial de la SF – l’immortalité – et l’autre dans celui plus récent de notre époque – le féminisme.
Comme Black Mirror ou Altered Carbon, Westworld s’empare dans cette seconde saison – et pour la première fois – de la possibilité d’une immortalité. La création d’un nouveau type d’hôte pouvant héberger un esprit humain le libererait de son enveloppe mortelle. Mais c’est la place octroyée aux femmes qui impressionne finalement le plus dans cette nouvelle saison. En plus d’avoir deux personnages principaux féminins et chefs de file de la révolte – Maeve et Dolores –, Westworld les dote d’une propension à la violence et d’une capacité à soumettre leur entourage masculin assez rares pour être soulignées. En les secondant chacune d’un amant/bellâtre/homme de main transi d’amour pour elle, la série renverse même carrément les codes en vigueur, tout en ne tombant pas dans le piège d’une sexualisation outrancière qu’on peut reprocher à GoT. Rien d’étonnant alors qu’on vient d’apprendre que la production de Westworld appliquera une grille de salaires complément égalitaire à partir de sa troisième saison. Une dimension méta que nous n’attendions sûrement pas à cet endroit.
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