“No knock, no doorbell”. “Twin Peaks 3“ tire à sa fin et avance comme une locomotive tendue vers son but annoncé dès le départ : le retour de Dale Cooper dans la ville où tout avait commencé en 1990. Ce qui pourrait entraîner un bouleversement cosmique dont on n’a pas idée. Ou bien ?
Suivre Twin Peaks nous aura au moins appris une chose : l’existence d’une catégorie de trolls prêts à visionner intégralement une série qu’ils détestent pour alimenter leur persiflage ricaneur sur la Toile. Chacun son hobby. A notre sens, c’est plutôt bon signe, en tout cas pour Twin Peaks : si le retour de la série de Lynch n’a pas fédéré les foules, elle a alimenté des passions très fortes, pour ou contre. Les bretteurs les plus enflammés ne se sont pas trompés de cible : leurs joutes ont presque toutes trait à la figure de Dale Cooper, l’agent du FBI, qui, possédé par le démon Bob à la fin de la deuxième saison, en 1991, est revenu en 2017 dédoublé en deux entités : Dougie Jones, employé d’assurance hébété et inspiré, et Mr. C., alias Evil Cooper, qui sème la désolation sur son parcours. Toute la saison 3 n’a en effet plus grand chose à voir avec le meurtre de Laura Palmer, qui avait initié toute l’histoire ; son véritable objet est le retour de Cooper à Twin Peaks et la résolution du problème Evil Coop, esprit malin échappé de l’enfer ou du purgatoire figuré par la Black Lodge.
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Dale Cooper, the Return
Lors de cette antépénultième épisode de la série, qui se clora la semaine prochaine par la diffusion consécutive des deux chapitres finals, l’hécatombe se poursuit. Quatre victimes dans cet épisode, dont les inénarrables tarantiniens Chantal (Jennifer Jason Leigh) et Hutch (Tim Roth). Mais le grand événement du n°16 est la métamorphose de Dougie Jones, que l’on avait pressenti. Après avoir mis les doigts dans la prise, Dougie est redevenu Dale Cooper, le vrai. Cela a effectivement eu un effet électrisant, jubilatoire, qui rend encore plus rageante la fin imminente de Twin Peaks. Mais, Lynch et son comparse Mark Frost ont beau avoir élagué en supprimant expéditivement toutes sortes de pistes et de figures subsidiaires, il est certain que des foules d’énigmes et de personnages resteront en plan.
https://www.youtube.com/watch?v=5Culbg9gV3k
La fin impossible d’une série chaotique
Certains aussi ont déçu et n’ont guère justifié leur réapparition. En particulier la tant attendue Audrey Horne, dont on n’a toujours pas bien saisi ce qui la turlupinait – la fin de l’épisode 16 a suggéré quelque chose de pas très catholique. D’autres personnages ont glacé (Sarah Palmer), interloqué (Jerry Horne, Dr. Jacoby) ou bluffé (l’Anglais Freddie, l’aveugle Naido). Un tel pandémonium ne peut pas se terminer platement. On ne serait pas étonné que Twin Peaks aboutisse à un twist monstrueux ou débouche sur une sorte de boucle. En tout cas, on ne voit pas comment la série pourrait ne pas susciter une intense frustration liée à la prolifération excitante de micro-intrigues et de niveaux de réalité (ou de surréalité) tout au long son parcours chaotique. De quoi alimenter, comme on le disait précédemment, plusieurs hypothétiques futures saisons de Twin Peaks, qui n’auront sans doute jamais lieu. Mais attendons la conclusion, exercice périlleux dont peu de séries se sortent indemnes, avant de nous prononcer…
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