Le remake de “True Lies” en format sériel pêche sur tous les plans. Une série en 13 épisodes hautement dispensable.
Le territoire de la comédie d’action est semé d’embûches, et rares sont les films à s’extirper de la médiocrité qui cloisonne bien souvent ce genre, par définition bâtard. Parmi les happy few, on compte True Lies (1994) de James Cameron, improbable remake de La Totale ! (1991) de Claude Zidi, dans lequel un Schwarzenegger au faîte de sa gloire incarne Harry Tusker, un espion d’élite délaissant peu à peu une mission cruciale pour reconquérir sa femme (Jamie Lee Curtis), qui ignore tout de sa double vie, et voit son époux comme un représentant en informatique fatigué, empâté par un mariage qui tourne à vide. Hybridation échevelée entre un actionner rugueux des années 1980-1990 et une comédie de remariage, True Lies instillait ce qu’il convient de vice pour torpiller souterrainement les impasses de la conjugalité, et réussissait sa délicate mission : transmuter une comédie française avec Thierry Lhermitte en un blockbuster américain à la charge subversive larvée.
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C’est donc en remake d’un remake que se présente cette nouvelle itération pilotée par CBS, qui débarque en France via Disney+. Un palimpseste que la série prend d’abord à son compte, en twistant le concept : dès la fin du premier épisode, la femme de Harry découvre la double vie de son mari, et deviendra espionne à son tour pour le compte de la même organisation secrète.
Couple d’espion·nes
C’est là la seule nouveauté qu’apporte cette série autrement parfaitement ringarde, et coupablement anachronique. Loin des charmes transgressifs de Mr. et Mrs. Smith (2005), relecture inavouée de True Lies dans lequel Brad Pitt et Angelina Jolie incarnaient un couple d’espion·nes œuvrant pour des sociétés concurrentes, ce True Lies 2023 déroule à 100 à l’heure son récit aseptisé et cousu de fil blanc, sans prendre le temps de préciser personnages et enjeux.
On aurait pu imaginer, quitte à tordre le concept, une inversion totale des rôles, avec une femme espionne et un mari délaissé, qui aurait évité qu’on perde en route l’intérêt principal du matériau d’origine : la double vie de Harry, et les activités hautement secrètes qu’il cache à sa femme. Un simple retournement de situation visiblement hors de portée pour une série sans imagination ni saveur, incapable par ailleurs de filmer correctement ses scènes d’action, parfaitement communes et tristement mollassonnes. Aussitôt engloutie, aussitôt oubliée.
True Lies par Matt Nix avec Steve Howey, Ginger Gonzaga, Mike O’Gorman – Sur Disney+
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