La cérémonie récompensant le meilleur de la télé US voit s’affronter notamment « Breaking Bad », « Game of Thrones » et « True Detective ». Du haut niveau.
Voilà soixante-six éditions que cela dure. Et pourtant, on n’en a jamais autant parlé, du moins de ce côté-ci de l’Atlantique. Les Emmy Awards – que l’on arrêtera peut-être un jour d’appeler « les oscars de la télé », mais pas cette fois – profitent de l’exceptionnelle forme des séries et du buzz toujours grandissant qui les accompagne. Avancée d’un mois cette année, la cérémonie a lieu à L. A. ce lundi 25 août, sous les auspices de Seth Meyers, un ancien membre du Saturday Night Live désormais à la tête de sa propre émission.
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Le premier signe que l’événement approchait, ces dernières semaines, a été le petit jeu du retour de bâton, très en vogue à Hollywood, à l’encontre de True Detective (très sérieux prétendant à la victoire finale dans la catégorie meilleure série dramatique) et de son créateur, le jeune et parfois arrogant Nic Pizzolatto. Dans une interview au magazine Hollywood Reporter, celui-ci a tenté de contrer les critiques le présentant comme misogyne, imbu de lui-même et un peu copieur à ses heures – notamment des romans de Thomas Ligotti, une filiation qu’il reconnaît pourtant aisément depuis longtemps. Résultat, Pizzolatto est apparu encore un peu plus comme le sale gosse de service à qui on ne demande qu’une chose, la fermer. Tout de suite.
Des grandes séries en compétition
La tension sera donc à son comble dans une compétition très indécise et assez excitante, puisqu’en plus de True Detective, Breaking Bad, terminée depuis septembre 2013 et tenante du titre, fait tout de même partie de la liste avec Downton Abbey, Game of Thrones, House of Cards et Mad Men. Alors que l’an dernier l’attention s’était concentrée sur l’arrivée de séries mises en ligne par Netflix, cette année les enjeux restent strictement esthétiques. Tant mieux.
A ce propos, où se trouvent The Americans et Masters of Sex, les deux bombes de nos six derniers mois sériephiles ? On se le demande encore tous les matins. Au moins, concernant la dernière citée, l’irrésistible Lizzy Caplan (révélée en 2004 dans Lolita malgré moi) pourrait coiffer au poteau ses concurrentes au titre de meilleure actrice dans une série dramatique – malgré Claire Danes et Robin Wright.
Chez les acteurs de dramas, la sélection ne jurerait pas dans les plus prestigieuses cérémonies cinéma : Bryan Cranston (Breaking Bad), Jeff Daniels (The Newsroom), Jon Hamm (Mad Men), Woody Harrelson (True Detective), Kevin Spacey (House of Cards) et bien sûr Matthew McConaughey (True Detective encore) se font face.
Quelques bizarreries
La catégorie des miniséries, parfois moins riche que les autres, voit quant à elle s’affronter deux réussites totalement dissemblables, Fargo et Treme, qui n’ont par ailleurs rien à faire là – la première connaîtra une saison 2, la seconde s’est achevée pendant l’hiver après quatre saisons, ce qui est contraire à la définition du terme « minisérie ».
Ce genre de bizarrerie, les Emmys en sont spécialistes, le but étant de rendre le plus large possible le spectre des récompenses. En attendant, on espère surtout des choix engagés, voire portés sur les objets les plus étranges qui s’efforcent de renouveler le genre. C’est le cas, du côté des comédies, d’Orange Is the New Black et de Louie. La première est une série de prison aux personnages atypiques et au récit éclaté, la seconde est probablement l’aventure sérielle la plus folle et profonde proposée aujourd’hui – la quatrième saison, brillante, vient de le confirmer.
Pour le reste, envoyons nos encouragements à Josh Charles (The Good Wife), Allison Tolman (Fargo), Benedict Cumberbatch (Sherlock), Allison Janney (Mom), Adam Driver (Girls) et Jodie Foster, en tant que réalisatrice d’un excellent épisode d’Orange Is the New Black.
Olivier Joyard
Emmy Awards 2014 dans la nuit du 25 au 26 août à 1 h 55, et best-of sous-titré le 26 à 20 h 50, Série Club
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