Après le succès phénoménal de “Dahmer”, l’insatiable Ryan Murphy revient avec “The Watcher”, sa nouvelle création qui mêle horreur domestique et enquête tortueuse.
Plus rien n’arrête Ryan Murphy. À peine vient-il de défrayer la chronique avec Dahmer – true crime poisseux ayant enregistré des records d’audience – que le showrunner le plus prolifique de la télévision américaine (American Horror Story, Glee, Hollywood…) dégaine une nouvelle série, toujours sous pavillon Netflix. Après l’itinéraire macabre de Jeff Dahmer, alias le cannibale de Milwaukee, place au Watcher, harceleur anonyme bien décidé à faire vivre l’enfer à un couple d’aspirants banlieusards.
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Le couple, c’est Nora et Dean Brannock (respectivement campé·es par Naomi Watts et Bobby Cannavale, impeccables), yuppies new-yorkais fraîchement installé·es dans un pavillon de banlieue cossu, loin de l’agitation de Manhattan. Une vaste demeure au charme intemporel, un terrain aux dimensions enviables (piscine comprise), du marbre de Carrare dans la cuisine et, plus que tout, un peu d’air pour leurs deux enfants : tous les ingrédients du suburban dream à l’américaine ? Pas vraiment.
Suspicion à tous les étages
D’abord parce que l’opulence des Brannock est un peu trompeuse, et qu’après quelques investissements malheureux Dean a du sévèrement s’endetter pour s’offrir la maison de ses rêves ; ensuite (et surtout) parce qu’à peine installée, la petite famille fait l’objet de lettres de menace d’un mystérieux harceleur, qui semble déterminé à transformer leur american dream en cauchemar pavillonnaire.
Récit de home invasion doublé d’un murder mystery, The Watcher ne tarde pas à dévoiler l’intention qui l’anime : celle d’un jeu de piste adressé aux spectateur·trices, dont la révélation de l’identité du watcher sera, bien entendu, l’enjeu terminal. Pas si simple : les candidat·es au titre de harceleur mystère se bousculent au portillon. Entre le couple de retraité·es malotru·es de la maison d’en face, invariablement affublé de survêtements assortis, la voisine d’à côté, pas plus aimable et pour le moins creepy (Mia Farrow), son frère muet et un poil invasif, ou même l’agente immobilière qui leur a vendu la maison (Jennifer Coolidge) et qui cherche subitement à leur faire revendre : on ne sait plus où donner de la tête. À moins que tout cela ne soit qu’une vaste conspiration, dont les Brannock seraient les seul·es ignorant·es. À moins que l’un·e d’elleux ne soit pas si ignorant·e. À moins que…
Épuisement sur la longueur
Astucieuse dans sa mise en place, convoquant le registre horrifique par petites touches, The Watcher s’enraye à force de circonvolutions et coups de théâtre à répétition. Son dispositif éprouvé, consistant à nous faire suspecter tour à tour chacun des personnages avant qu’une révélation fracassante nous fasse revoir notre copie, est d’abord stimulante (et plutôt bien amenée) mais finit par s’épuiser passé le quatrième épisode d’une série qui en compte sept. Jusqu’à nous faire bâiller d’un ennui manifeste.
On retiendra de The Watcher la partition de Bobby Cannavale, parfait en père de famille débordé par les emmerdes, boomer sur les bords, incapable de gérer adroitement la crise de la puberté de sa fille de 16 ans ; et de Naomi Watts (définitivement trop rare) en housewife pas si desperate, adhérente perplexe du country club locale, peu versée dans les relations de voisinage artificielles et le règne des apparences qui dans les suburb huppées sont la règle. À cet égard, la série réinvente plutôt habilement les codes ressassés du film de maison hantée, les transmutant en une chronique acide de l’Amérique pavillonnaire, présentée comme un petit théâtre de la cruauté ordinaire. Mais The Watcher souffre d’un manque de subtilité notoire (habituel chez Ryan Murphy) et de son concept emberlificoté qui s’essouffle à mi-chemin.
Le 13 octobre sur Netflix.
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