La troisième saison de The Walking Dead démarre sur les chapeaux de roue.
Étrange et importante série que The Walking Dead. Depuis ses débuts à l’automne 2010, l’adaptation des romans graphiques de Robert Kirkman a risqué l’implosion en interne plusieurs fois, provoqué passion et haine, tout en explorant des territoires narratifs contradictoires. On a parfois hésité à la qualifier, entre ses beautés évidentes et ses ratés spectaculaires. L’abandonner aurait été une solution. Mais l’amateur de séries possède une capacité de résistance supérieure à la moyenne.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après trois années face à une poignée de survivants de l’apocalypse zombie égarés aux confins de la Géorgie (la Géorgie de Ray Charles, s’entend), une semi-conclusion s’impose : The Walking Dead peut être vue comme une série instable sur l’instabilité, donc tour à tour explosive, ennuyeuse, emballante. Le contraire d’un long fleuve tranquille dont on sait à l’avance qu’il ne nous décevra pas. Ici, la déception guette toujours, même quand tout va bien. Il faut s’y résoudre.
Prenons la première partie de la troisième saison. Elle arrive après une deuxième levée souvent minimaliste, qui avait séduit grâce à un septième épisode mémorable et de splendides élans mélo contrariés. Surprise, cette ascèse émouvante à laquelle nous étions habitués a disparu dans la nature. Si la plupart des personnages et des enjeux demeurent, nous voici devant une série plus rapide et plus directe.
Les premiers épisodes décrivent l’installation de Rick, Lori, Hershel et les autres entre les murs d’une ancienne prison, devenue un lieu paradoxalement désirable dans un monde dangereux. Entre dégommage en règle de zombies affamés et rencontres plus ou moins cordiales avec d’autres rescapés, leurs activités quotidiennes ne frôlent même pas l’hystérie. Elles s’y vautrent franchement. Violent et tendu, souverainement efficace, ce début de saison est aussi légèrement banal dans sa manière de pousser vers l’action à tout prix. Mais dans la grande tradition de The Walking Dead, un épisode (le quatrième, en l’occurrence) vient remettre le curseur au plus haut. “Killer Within” (“Tueur à l’intérieur”) est le genre de tournant brutal qui marque une saison et redonne du souffle des deux côtés de l’écran.
Pour ne pas ruiner le plaisir de ceux qui ne l’ont pas vu, on dira seulement que la série se permet de faire disparaître en un clin d’oeil deux figures importantes, dans un dédale bouleversant de panique, de lucidité et d’esprit de sacrifice. Dans ces moments-là, The Walking Dead atteint sa pleine puissance, celle d’une réflexion sans détours sur le dénuement de l’humanité face à ce qui la déborde.
La thématique s’enrichit au fil des épisodes. Alors que les héros tentent de survivre dans leur prison-refuge, nous faisons la connaissance d’un autre groupe qui est parvenu à reconstruire un village sous la direction d’un “gouverneur”. Là-bas, tout n’est apparemment que luxe, calme et volupté. Les enfants jouent, les légumes poussent. Pourtant, quelque chose sonne faux et cette communauté de néopionniers cache des travers. Il est presque impossible d’en partir et la barbarie semble y avoir élu domicile. La référence au Prisonnier (série anglaise classique des années 60 sur l’aliénation) paraît claire.
On se dit que The Walking Dead a décidément de la suite dans les idées. Jusqu’à apprendre qu’à l’issue de la fabrication des seize épisodes de cette saison trois et malgré un énorme succès d’audience, l’excellent showrunner Glen Mazzara a été prié de faire ses valises. Sans véritable explication. L’instabilité ne cessera jamais.
The Walking Dead saison 3, à partir du 7 avril, 20 h 40, OCS choc
{"type":"Banniere-Basse"}