Cette série au casting solide envisage l’apocalypse sanitaire comme préalable à un affrontement idéologique entre le Bien et le Mal.
Après qu’une pandémie de grippe ait décimé 99 % de la population mondiale, les survivant·es se scindent en deux groupes dirigés par des personnalités opposées : Mère Abagail, douée de prescience, et l’inquiétant Randall Flagg, doté de pouvoirs surnaturels.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
The Stand (Le Fléau) transpose à l’écran l’un des romans les plus denses de Stephen King. Avec la bénédiction de l’auteur, qui lui a offert une conclusion inédite pour l’occasion, le récit a été déplacé à notre époque, sa galerie de personnages ouverte à plus de diversité et sa structure linéaire éclatée en multiples flashbacks.
Ni gestes barrières, ni distanciation sociale ou activité “non essentielle”
Portée par un casting solide et dotée des moyens de production lui permettant de déployer pleinement ses visions apocalyptiques, la série se hisse dans le haut du panier des adaptations du maître de l’horreur. Tressant avec aisance les différents fils de l’intrigue, elle parvient à saisir les angoisses d’un monde en crise à travers une mosaïque de destins individuels, et à conjuguer les soubresauts intimes des personnages aux mouvements épiques du récit qui les lie.
Force est de constater, néanmoins, que les épisodes ne parviennent pas à retranscrire la sève stylistique de King, cette écriture trouée de digressions dont la singularité se prête mal à la rigidité du moule télévisuel qui leur est appliqué, ni à opérer les multiples points de contacts avec le réel (références culturelles, précision cartographique…) qui font de ses cauchemars une doublure hantée de l’Amérique.
Il ne s’agit plus de retrouver le monde d’avant mais de construire celui d’après
Impossible, en abordant The Stand, d’ignorer ses échos avec notre réel pandémique. S’il serait excessif de parler de prescience, la façon dont l’épidémie ronge les prémices du récit (de la toux qui colonise l’espace sonore aux errements gouvernementaux et des mesures sanitaires aux rumeurs délétères) nous propose un miroir fictionnel forcément troublant.
Cependant, nuls gestes barrières, distanciation sociale ou activité « non essentielle » à l’horizon : ce qui travaille la série n’est pas les conséquences prosaïques de la crise mais le champ de cendre qu’elle laisse derrière elle, ouvert à tous les possibles. Il ne s’agit plus de retrouver le monde d’avant mais de construire celui d’après en retissant des communautés, et de faire de la catastrophe le préalable d’un affrontement entre le Bien et le Mal, respectivement incarnés par Mère Abagail et Randall Flagg. Hélas, ces deux personnages manquent cruellement de consistance, et la dimension idéologique du récit s’en trouve amoindrie. The Stand nous apparaît finalement comme un arbre en hiver : des racines solides, un tronc épais mais peu de bourgeons.
The Stand sur Starzplay
{"type":"Banniere-Basse"}