Damon Lindelof, le cocréateur de la mythique saga de science-fiction « Lost », revient avec « The Leftovers », la série la plus attendue de l’été. Premières impressions.
Il aura mis quatre ans à se remettre de la fin de Lost, des controverses, des tweets d’insultes, de la fureur – et parfois de l’amour – des fans déroutés par la conclusion des aventures de l’île mystérieuse, l’un des événements pop marquants du millénaire. Damon Lindelof, cocréateur de la série de sciencefiction emblématique des années 2000 (six saisons entre 2004 et 2010), s’apprête à revenir à la télévision. Il le fait par la porte d’entrée la plus prestigieuse, celle de HBO, chaîne que le monde adule depuis Oz, The Wire, ou encore True Detective. Ces dernières années, ce garçon de 41 ans à l’allure juvénile a participé à l’écriture de quelques blockbusters (Star Trek into Darkness de son pote J. J. Abrams, Prometheus, World War Z), mais il fomentait surtout son come-back sériel, s’évaporant même de Twitter car lassé de répondre aux mêmes questions en boucle – mais que voulait dire la fin de Lost ? The Leftovers provoque depuis longtemps une forte montée d’adrénaline sériephile. Il s’agit de l’adaptation du roman éponyme de Tom Perrotta (2011) qui raconte la vie sur terre après la disparition soudaine de 2 % de la population mondiale. Ceux qui restent vs ceux auxquels on pense un peu trop, les vivants contre les morts : les ingrédients d’un mélo de science-fiction aux confins du fantastique se dessinent, dans une lignée surnaturelle qu’a déjà empruntée Lost, bien sûr, et qu’en France Les Revenants a touchée du doigt.
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Lindelof a repéré le roman grâce à un texte élogieux publié par Stephen King dans le New York Times, où l’écrivain qualifiait The Leftovers – avec son sens de la formule légendaire – de « meilleur épisode de La Quatrième Dimension que vous n’ayez jamais vu ». Il a ensuite écrit le pilote avec Perrotta. En 2012, alors que la série n’avait pas encore été commandée par HBO, le scénariste racontait au site américain Vulture son intérêt pour les questions soulevées par le livre. « Dans un monde où deux cent millions de personnes se volatilisent sans explications, il est impossible de rester athée. (…) Nous sommes ramenés en arrière à un moment de l’histoire humaine où les vies étaient gouvernées par les dieux de l’Olympe où ceux du ciel (…). Cela m’a semblé dans la droite ligne des grands thèmes explorés par Lost. »
Plus récemment, Lindelof a confié au magazine Entertainment Weekly la manière dont il a présenté la série à HBO. « Je leur ai dit que si Lost et Friday Night Lights avaient eu un bébé et que celui-ci avait été sévèrement négligé, cela donnerait The Leftovers. » Le pilote, mis en scène par Peter Berg (réalisateur du film Friday Night Lights ainsi que du pilote de la géniale série du même nom), tente de remplir le contrat. Il porte la marque sentimentale et triste de Lindelof mais souffre du défaut inhérent à beaucoup de premiers épisodes. Sollicitant à tout prix notre attachement aux personnages, autour d’un héros flic (la bombe Justin Theroux) et de sa famille décomposée, la série façonne un équilibre encore instable entre mystère et explications. Le trip planant et étrange qu’on imaginait se dessine par bribes…
Rien d’alarmant pour autant. Avec en fil conducteur une interrogation sur le devenir des disparus, mais aussi un drame très simple, accroché à des personnages déphasés – que faire quand nos raisons de vivre ont disparu ? -, The Leftovers reste une promesse désirable et pourrait devenir la série qui capte en direct l’indéniable mélancolie contemporaine. Après les dix épisodes de la première saison, on saura en tout cas si Lindelof a réussi le pari qui le tient excité et angoissé depuis quatre ans : exister après l’oeuvre de sa vie.
The Leftovers à partir du 30 juin, OCS City, 20 h 50
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