[L’épisode de la semaine] Chaque semaine, on vous parle d’un épisode d’une série en cours de diffusion qui nous a marqués. Après une pause de trois mois, la deuxième saison de The Last Man on Earth a repris ce dimanche outre Atlantique. Et ce fut un régal.
« Je suis le dernier homme sur terre ». Pat Brown, avec ses longs cheveux bouclés, sa barbe touffue mal entretenue et ses petits yeux plissés, est sûr de lui. L’homme a élu domicile sur un bateau, depuis qu’un mystérieux virus a décimé la population mondiale. Il y croit dur comme fer : il n’y a plus âme qui vive sur cette planète. On a beau savoir que c’est faux, son assurance est déconcertante. Aurait-on rêvé ces vingt-trois épisodes précédents ?
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Les fans de The Last Man on Earth devront attendre la semaine prochaine avant de retrouver leurs personnages préférés — Phil, Melissa, Carol et les autres —. Après la traditionnelle pause de mi-saison des networks américains, la série de FOX est revenue dimanche 6 mars avec un épisode spécial, porté uniquement par deux personnages. Il y a Pat (guest star réjouissant de Mark Boone Jr. vu dans Sons of Anarchy), qui aura droit à son heure — ou plutôt ses 21 minutes — de gloire, et Mike Miller ((Jason Sudeikis), qui avait passé cette première partie de saison 2 en orbite dans l’espace, à parler à des vers de terre.
Mike Miller est le frère de Phil (Will Forte), le premier « dernier homme sur terre » et anti-héros de la série. Astronaute débrouillard et positif, Mike garde le sourire en toute circonstance. Même lorsqu’il vient, au début de l’épisode, de se crasher au beau milieu de l’océan sans aucune idée de comment rejoindre la terre ferme.
L’imminente opposition des deux frères
Porté par les vagues sur un pédalo jaune fluo à la dérive, il est alors pris d’hallucinations. Son frère, enfant, lui apparaît dans une piscine gonflable. Un léger cheveux sur la langue et les autres qui lui rentrent à moitié dans les yeux, Phil « junior » l’apostrophe à grand renfort de grossièretés, mais reste touchant avec son air de sale gosse maladroit qui met tout son coeur pour sortir la plus grosse atrocité qu’il connaisse (« face de pet« , « crotte« ). Il réapparaîtra à nouveau, plus tard dans l’épisode, comme une illusion du passé venue annoncer l’intrigue des épisodes à venir. Le spectateur n’attend plus qu’une chose : que les deux frères soient enfin réunis. Que s’opposent l’optimisme et la douceur de l’un — un Matt Damon version « pas coincé sur Mars » — à la surexcitation et la lourdeur de l’autre.
Comme à son habitude, The Last Man on Earth ne lésine pas sur les décors imposants, même s’ils ont parfois un arrière-goût de fond vert. C’est l’intention qui compte : après avoir observé le naufrage d’un géant paquebot, on découvre un paysage d’une nouvelle ville déserte dans laquelle déambulent Mike et son nouvel ami Pat Brown, au volant d’une camionnette de vendeur de glaces dont la petite musique guillerette s’échappe encore des hauts-parleurs. On serait à deux doigts de se croire dans les Walking Dead, si les deux hommes n’étaient pas en train d’échanger des blagues de cul gênantes.
De l’effort d’être joyeux
Et soudain l’ambiance devient pesante. La mélodie du camion résonne encore lorsqu’ils arrivent sur un immense parking, jonché de corps sans vie disposés sous des draps blancs. Pour la première fois, la série montre des morts. « Il y a ce genre de trucs dans toutes les villes », souligne Pat.
L’espace de quelques instants, The Last Man on Earth se permet de rappeler à son public la gravité de la situation, comme pour qu’il apprécie encore mieux le talent des scénaristes qui parviennent à le faire rire avec un postulat si sombre. Comme pour que l’on n’ait pas l’idée de cesser d’admirer tous ces personnages qui se battent, depuis deux saisons, pour prendre du plaisir à exister. Où quand la quête du divertissement devient une question de survie.
The Last Man on Earth, « Pitch Black » (S02E11), diffusé le 6 mars 2016 sur FOX
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