La nouvelle mini-série d’Amazon, adaptée d’une série de podcasts à succès, réactualise à sa sauce une vieille légende urbaine. Au programme : amour, cannabis, trahison et cannibalisme.
C’est l’histoire d’un one woman show de 2015, adapté en une série de podcasts célèbre sur Spotify en 2018, et qui devient à son tour une mini-série par le géant du commerce en ligne. Au cœur de cette triple gestation aux allures de palimpseste transmédia, la réactualisation et la délocalisation de la figure de Sweeney Todd, célèbre barbier et tueur en série du folklore anglais, auquel Tim Burton avait consacré un film musical (forcément gothique) en 2007.
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Exit le barbier diabolique de Fleet Street, qui égorgeait ses clients avant que sa maîtresse farcisse ses tourtes avec la viande de ses victimes, dans le Londres industriel et fumant du XIXe Siècle. Place à Dolores Roach, femme d’origine portoricaine, qui, après avoir passé seiza ans derrière les barreaux pour couvrir son compagnon dealer, retrouve avec amertume une liberté toute relative. Sans nouvelles de Dominic, l’amour de sa vie pour lequel elle a purgé une peine de prison, Dolores devra compter sur ses talents de masseuse pour retrouver un semblant d’indépendance. Installée dans le sous-sol de la boutique d’empanadas de son vieil ami Luis, du genre ahuri stakhanoviste de la fumette, “Magic Hands” Dolores entrevoit la possibilité d’un apaisement.
Entre weed et cannibalisme
C’était sans compter sur un instinct meurtrier, sûrement contracté en prison, et une incompressible part de folie… Dolores finit par zigouiller le propriétaire de la boutique (échauffé par les loyers impayés) au terme d’un massage un peu trop appuyé. Heureusement, l’ami Luis, décidément plein de ressources, a une astuce, et les restes de feu le propriétaire finissent dans des empanadas. Le succès est immédiat, et la boutique – que les client·es de l’embourgeoisé quartier new-yorkais de Washington Heights avaient déserté – retrouve des couleurs grâce à ces nouvelles empanadas à la recette tenue secrète. Mais les stocks de viande s’amenuisent, et les mains magiques de Dolores devront rapidement reprendre du service.
Divertissante, la création d’Aaron Mark (déjà à l’origine de la pièce et du podcast) se binge plaisamment tout en cédant à quelques facilités, comme cette voix off invasive, qui surligne constamment l’action de manière un peu paresseuse. Justina Machado (second rôle de prestige d’une palanquée de série des années 2000 et 2010, dont l’impérissable Six Feet Under) incarne avec justesse le personnage trouble de Dolores, entre énergie pétaradante, mélancolie diffuse, et folie meurtrière prête à surgir. Tandis que son compagnon de jeu (Alejandro Hernandez) régale en faux bouffon porté sur la weed et le cannibalisme.
Une série agréable à regarder
Si la série peine à trouver son équilibre entre comédie et horreur (la faute à un ton parodique un poil appuyé), on peut lui louer son irrévérence rafraîchissante, et un semblant de revanche sociale, notamment dans sa radiographie corrosive de Washington Heights : ancien quartier populaire de la Grosse Pomme transformé par la gentrification, où les commerces de proximité ont été remplacés par des coffee-shops à la mode, et les petits malfrats au grand cœur par des hipsters amateur·ices de latte.
Pour le reste, The Horror of Dolores Roach se conforme aux standards des séries à l’ère des plateformes de streaming : sympathique à défaut d’être remarquable, se regardant distraitement tout en faisant autre chose.
The Horror of Dolores Roach de Aaron Mark et Dara Resnik Creasey, à partir du 7 juillet sur Prime Video
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