Il est l’heure pour Ted Lasso de remettre ses crampons. La troisième (et peut-être dernière ?) saison de la série de Bill Lawrence et Jason Sudeikis est disponible dès le 15 mars sur Apple TV+
Ted Lasso nous avait réconforté·es à l’été 2020, quelques mois après le choc du confinement, grâce son personnage central caressant : un coach de foot américain (Jason Sudeikis) arrivé en Angleterre pour gérer un club de première division de football, le vrai. Un type sympa, jovial jusqu’à l’excès, qui planquait sa mélancolie de jeune divorcé et exaltait l’esprit collectif. À peine un an plus tard, la série co-créée par Bill Lawrence revenait pour un deuxième tour de piste sur la même lancée. Depuis, vingt mois ont passé. Et voilà que l’équipe du AFC Richmond repointe le bout de ses crampons. Mais dans quel état ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
C’est à la fois une joie et une inquiétude, car les retrouvailles avec une série aimée n’ont rien de simple. On se rapproche, on se regarde, on se respire à nouveau et quelque chose doit se rejouer dans la relation restée entre parenthèses. Historiquement, nous avons longtemps vécu intensément avec les séries, y compris entre leurs saisons. Leur manque faisait même partie de l’expérience. Mais le nombre de séries et l’irrégularité de leur diffusion (rendez-nous la rentrée de septembre !) rendent structurellement la rêverie et le souvenir plus difficiles. Il faut beaucoup insister pour continuer à les aimer dans la durée. Noyée dans la masse, Ted Lasso doit elle aussi en faire beaucoup pour encore nous intéresser avec sa troisième saison. Et contrer l’amnésie qui guette.
ADN de sitcom
Les premiers épisodes que nous avons pu voir apportent une réponse positive, à une condition : le manque de surprise. Aucune transformation profonde n’est à attendre. Les scénaristes ont choisi de garder le cap de façon simple, voire radicale : l’équipe est remontée de la deuxième division (elle avait subi une rétrogradation après la saison 1) vers le championnat principal, tandis que la nouvelle campagne de matchs, qui s’annonce périlleuse faute de budget, rythme les épisodes de façon chronologique. Ted Lasso raccompagne son fils qui prend l’avion du retour vers l’Amérique, la propriétaire du club déteste toujours son ex-mari, bref, la roue tourne à peu près toujours dans le même sens. En cela, et malgré les décors qui changent et la durée des épisodes (au-delà de 45 minutes cette année), nous sommes devant une série à l’ADN de sitcom. Une sitcom sentimentale et sans rires enregistrés, mais une sitcom quand même.
Ted Lasso creuse sur place, à la fois les caractères des un·es et des autres et les situations, répétées presque à l’infini. Cela donne une forme de persévérance assez touchante : on sent bien que la série n’a pas beaucoup plus à offrir que ses personnages et sa philosophie – les vainqueurs nous ennuient, les perdants sont plus touchants – mais qu’elle s’applique à en tirer le meilleur. Plus les saisons se succèdent, plus il devient vital de s’agiter. Face à nous, la fiction lutte pour continuer à être pertinente.
12 épisodes à partir du 15 mars
La comédie aux relents burlesques trouve sa place plus que jamais, notamment dans l’excellent épisode 2, quand il est question d’accueillir un journaliste toute la saison dans le vestiaire ou d’acquérir éventuellement un nouveau joueur, le dénommé Zava, assez proche dans son attitude et son profil du clownesque Zlatan Ibrahimović. On regrette que la dramaturgie du foot ne soit pas plus utilisée, Ted Lasso restant une série de coulisses plus que de terrain, ce qui n’était pas autant le cas dans la première saison. Mais sa fonction de base, provoquer un rire saturé d’empathie sans tomber dans la mièvrerie, continue à être respectée. La saison dure douze épisodes, ce qui devrait nous occuper tout le printemps : Apple TV + la joue à l’ancienne, en ne mettant en ligne qu’un seul épisode par semaine.
Ted Lasso saison 3. Sur Apple TV +.
{"type":"Banniere-Basse"}