La série d’action militaire Strike back revient avec une cinquième saison d’une grande efficacité dramatique et néanmoins problématique.
À l’heure où la plupart des séries travaillent en creux un double fond méta, la série d’action-espionnage Strike back fait figure d’exception déconcertante. Adaptée des romans de l’ex-SAS Chris Ryan, elle suit depuis 2010 les pérégrinations planétaires d’un groupe d’intervention antiterroriste.
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Cette cinquième saison – la sixième si l’on compte l’arc d’origine interprété par Richard Armitage – fait figure de renaissance. Exit le duo d’agents incarnés par Sullivan Stapleton et Philip Winchester, place à un casting renouvelé et féminisé. Lorsqu’un terroriste s’évade à la frontière jordano-syrienne, la Section 20 se reforme et se lance dans une vaste chasse à l’homme.
L’action reproduit les automatismes des gamers
Il est devenu commun d’opérer des rapprochements entre les films et séries de guerre et leurs homologues vidéoludiques – dont les franchises Call of Duty et Battlefield font office d’écrasants étalons. Cependant, la duplication totale par la série de l’ADN des FPS (jeux de tir à la première personne) est inédite. L’architecture des épisodes, regroupés par diptyques géographiques, dessine comme autant de cartes peuplées d’ennemis sans visage à éliminer. L’action, quant à elle, reproduit les automatismes des gamers : se mettre à couvert, tirer sur des bidons pour les faire exploser, éliminer les tireurs embusqués, tenter une percée héroïque à l’arme de poing ou au couteau…
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De sa brutale séquence d’introduction aux climax pyrotechniques de chacun des épisodes, la série est en mouvement constant, dopée à l’ivresse des combats. Si le rythme endiablé des péripéties distille un temps une forme de stupéfaction, l’édifice révèle peu à peu un soubassement dérangeant. À l’image de ses personnages, pantins hurlants aux muscles saillants assoiffés de sang, Strike back avale goulûment la guerre dans toutes ses manifestations contemporaines, des luttes claniques d’une Libye en jachère aux circuits internationaux de financement du terrorisme.
Dépassée par ses machines à tuer
Seulement, au contraire d’un Generation Kill disséquant de l’intérieur le bourbier irakien ou d’un Homeland aux protagonistes rongés par le doute, les aventures de la Section 20 ne s’encombrent d’aucune arrière-pensée. Dans Strike back, la fin (éliminer un chef terroriste puis démanteler son réseau) justifie constamment les moyens, qu’ils consistent en une fusillade sanglante dans une boîte de nuit, en l’infiltration très Actors Studio d’un groupe de suprémacistes blancs ou en un nombre incalculable d’exécutions sommaires.
Véritable émulsion fictionnelle de l’interventionnisme occidental, la série semble dépassée par les machines à tuer auxquelles elle a donné vie, détournant le regard de la galerie d’ombres contre laquelle elles luttent. C’est pourtant cette “internationale du mal” reliant le jihadiste au marchand d’armes et l’oligarque russe au néonazi, condensé caricatural de peurs et de fantasmes, qui méritait l’attention la plus acérée.
Strike Back saison 5 sur OCS.
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