La série de Justin Marks et Rachel Kondo, qui reprend un best-seller des années 1970, ne s’aventure pas en dehors des vieux codes hollywoodiens du sauveur occidental au grand cœur.
Japon, 1600. Un navire hollandais échoue sur les côtes de l’archipel. Parmi les survivants, John Blackthorne, marin anglais (donc protestant), est capturé par un seigneur local. Alors que se profile une guerre de succession entre clans japonais, le seigneur Toranaga, général en chef des armées de l’Est, se prend d’affection pour le Britannique. Dans un Japon méconnu des Occidentaux, où seuls les jésuites portugais ont établi un comptoir et commencent à évangéliser l’archipel, John deviendra une ressource précieuse et l’objet de tractations entre provinces rivales.
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Adaptée d’un roman de James Clavell de 1975 – qui avait déjà donné lieu à une minisérie avec Richard Chamberlain et Toshirō Mifune –, Shōgun comble un vide dans la production récente : celui de la grande fresque historique du calibre de la regrettée Rome (2005-2007), mêlant souffle épique, manigances politiques et complots. Si la radiographie documentée du Japon féodal donne à Shōgun une fibre kurosawienne passionnante (dont sa reconstitution précise des protocoles japonais), son versant fictionnel patauge dans la médiocrité. La faute à un personnage principal (incarné par Cosmo Jarvis) unidimensionnel, exagérément rustre, dont la transformation en good guy, respectueux des us de ses hôtes, s’articule autour d’une histoire d’amour convenue. La série ne sait ainsi occuper son sujet (la rencontre entre deux cultures que tout oppose) qu’en ravivant le motif éculé de l’homme occidental providentiel, déjà largement labouré par Hollywood, de Danse avec les loups à Pocahontas, en passant par Le Dernier des Mohicans. On aurait pu espérer, en 2024, un peu plus de témérité.
Shōgun de Justin Marks et Rachel Kondo, avec Cosmo Jarvis, Hiroyuki Sanada, Anna Sawai… Sur Disney+ le 27 février.
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