Après « Hung », c’est un teenager qui est doté d’un pénis hors norme dans « The Hard Times of RJ Berger ». Potache, drôle et inventif.
C’est un peu comme si les chaînes américaines s’étaient donné le mot. Un mot en peu de lettres mais aux potentialités énormes : pénis, bite, cock – pas la peine de faire un dessin.
Il y a un an, Hung affublait un banal prof de sport de Detroit écrasé par l’ennui d’une particularité qui ne l’était pas, un sexe hors norme. Le chanceux bénéficiaire apprenait à en monnayer l’usage et y voyait une solution à la crise… Depuis un mois, le curseur s’est déplacé vers un autre âge de la vie. Mais le sexe demeure.
L’ado qui donne son nom à la nouvelle série potache de MTV, The Hard Times of RJ Berger (attention : jeu de mots !), traverse lui aussi une passe difficile : il va tous les jours au lycée mais ne sait ni taper dans un ballon, ni parler aux filles, bref, c’est un nerd comme l’imaginaire mondial en regorge désormais. En revanche, il possède un très gros sexe, atout dévoilé devant une assemblée médusée lors d’un match de basket. RJ, c’est donc Hung en version ado. Une façon de dire que les deux séries n’ont rien à voir si ce n’est ce détail d’anatomie.
La queue surdimensionnée de RJ agit moins comme un objet fantasmatique (on ne la voit pas) que comme une métaphore de la vie des ados : chacun, même les losers patentés, cache dans sa manche un atout… qui peut aussi se révéler un fardeau.
La série s’aventure donc sur des terres connues, qui font les beaux jours du cinéma teen depuis trente ans, de John Hughes (Une créature de rêve semble une référence majeure) à Judd Apatow : un garçon peu séduisant et complètement vierge tente de trouver sa place dans le jeu social normé du lycée. La relative nouveauté de la création de Seth Grahame-Smith et David Katzenberg vient du fait qu’elle essaie de mettre la télévision à la hauteur du cinéma, en termes de crudité. MTV n’étant pas une chaîne à péage, les gros mots et la nudité y sont proscrits.
The Hard Times of RJ Berger s’amuse avec ces contraintes et invente des manières de les contourner, via l’utilisation de l’animation, mais aussi en poussant les dialogues aussi loin que possible. Ainsi l’amie gothique de RJ, pas très jolie mais obsédée par lui : “Avec toi ce sera n’importe où… n’importe quand… dans n’importe quel orifice.” Ou encore : “Ma bouche est ouverte sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre.” Le tout sur un ton outrancier qui donne à la série un aspect cartoonesque vraiment plaisant.
Tout n’est pas à la hauteur – pour l’instant, le troisième épisode fait office de sommet. Mais il serait dommage de répudier The Hard Times of RJ Berger pour manque de constance et d’originalité. La drôlerie s’invite n’importe quand, notamment grâce à ceux qui sont actuellement les personnages les plus enthousiasmants : les parents de RJ, partouzeurs hystériques comme “flashforwardés” depuis les années 70. A travers eux, les créateurs démontrent assez finement que la génération actuelle n’a pas le monopole du trash et de la sexualité exacerbée. Avoir une grosse bite n’a jamais suffi.
The Hard Times of RJ Berger, sur MTV US et sur MTV France à la rentrée