La vérité sur le plaisir féminin est longtemps restée taboue dans la culture populaire. A la télévision, par exemple, les scénaristes ont rechigné à évoquer le sujet. Même dans une série où la femme est centrale comme Sex and the City, ces questions restaient souvent présentées de manière stéréotypée. Les quatre personnages sont hétéros, leurs amants sont toujours […]
La vérité sur le plaisir féminin est longtemps restée taboue dans la culture populaire. A la télévision, par exemple, les scénaristes ont rechigné à évoquer le sujet. Même dans une série où la femme est centrale comme Sex and the City, ces questions restaient souvent présentées de manière stéréotypée. Les quatre personnages sont hétéros, leurs amants sont toujours beaux et souvent aimants. Mais peu à peu, sous l’impulsion de scénaristes féminines, le petit écran aborde la chose de façon plus décomplexée.
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L’une des premières à avoir libéralisé la question est Ilene Chaiken, créatrice et scénariste de The L World. De 2004 à 2009 elle y conte les aventures d’un groupe de femmes parmi lesquelles on trouve aussi bien des hétéros que des lesbiennes. Enfin, la sexualité des femmes ne se trouve pas dépeinte de manière grossière.
Un autre tabou en a pris un coup il y a deux ans quand débarque sur Netflix Orange is the New Black. Pour la première fois, une comédienne transgenre est à l’affiche d’une série grand public. Dans le huis clos de leur geôle, les prisonnières de la série sont dépeintes sans artifices. Le but n’est pas de rendre glamour leur sexualité mais bien de montrer leur réalité – l’une de ces femmes goûte avec un certain plaisir les léchouilles administrées par son petit chien.
Bien souvent, ces séries abordent la question en présentant des femmes tout à fait ordinaires, pas des potiches ni des femmes fatales. “Les héroïnes se réapproprient la sexualisation que leur ont historiquement imposée les hommes, pour l’exploiter comme la principale faille du masculin”, explique Céline Morin à Brain-Magazine, doctorante en sciences de l’information et de la communication et sociologie des médias à l’université Sorbonne Nouvelle de Paris 3.
A ce petit jeu-là, Lena Dunham est sûrement celle qui symbolise le mieux ce mouvement. A la fois scénariste, créatrice et actrice principale de Girls, la jeune New-Yorkaise s’amuse à décomplexer la sexualité féminines dans les séries – combien de fois la voit-on nue par épisode ?
Pour autant, tout n’est pas encore si facile, comme l’explique Sarah Lecossais, elle aussi doctorante à Paris 3 :
“Le fait de montrer ce type d’héroïnes peut amener à penser que tout va bien, que les femmes sont toutes épanouies et peuvent vivre leur sexualité librement, loin des contraintes du patriarcat, du mariage ou des violences sexuelles… Est-ce qu’on vit vraiment dans un monde post-féministe ou post-patriarcal ? Et est-ce que toutes les femmes ont l’opportunité de vivre une telle sexualité ? Cela amène aussi à nuancer les propos d’une émancipation féminine par la sexualité.”
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