La diffusion de Lost et 24 heures chrono s’achève aux Etats-Unis. Les grands networks sauront-ils de nouveau proposer des séries aussi créatives ?
La semaine la plus importante de la télévision américaine depuis plusieurs années est enfin arrivée. On ignore si ABC et Fox ont volontairement aligné leurs agendas, mais qui sait ? Avec la fin de Lost (le dimanche 23) et celle de 24 heures chrono (le lundi 24), une part majeure de l’histoire contemporaine des séries disparaît. Pour ceux qui hausseraient les sourcils, rappelons que ces deux séries, nées à trois ans d’écart (2001 pour 24 heures…, 2004 pour Lost), ont incarné avec quelques autres un âge d’or de la série télé dramatique.
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La plus ancienne, née sur les ruines encore fumantes du World Trade Center, aura suivi comme son ombre l’Amérique de George W. Bush dans sa folie et ses dérives. Jack Bauer, héros maudit des années 2000 pendant huit saisons, devrait d’ailleurs terminer sa route en mauvais état, ce qu’a confirmé (attention, spoiler) le producteur principal Howard Gordon.
“La série s’apparente à une tragédie et finir par un happy end ne sonnait tout simplement pas juste (…) Jack ne sera pas complètement malheureux, mais il ne marchera pas vers le soleil couchant. Sur le plan émotionnel, il restera très endommagé.” Selon Gordon, l’affrontement de l’épisode final aura lieu entre Jack et la geekette Chloe O’Brien. Pour une ultime trahison ? On en tremble d’avance.
Du côté de Lost, les prévisions sont moins claires, même si une certitude s’impose : la fin après six saisons de la série qui a transformé votre mère, vos voisins, bref le monde entier, en scénaristes (combien de théories plus ou moins vaseuses sur l’Internet ?) ne satisfera pas tout le monde. Un peu comme la liste des joueurs de l’équipe de France de foot pour le Mondial, une série qui se termine provoque à coup sûr réprobations collectives et hurlements désespérés. Avec Lost (comme dans les sixties avec Le Prisonnier), ce sera la même chose mais en pire.
C’est le bon moment pour arrêter
Faut-il pour autant regretter la fin de ce que nous avons tant aimé, au moins par intermittence ? La réponse est ambiguë. Si c’est un bloc de temps et d’émotion qui s’envole cette semaine, la vieillesse ne va pas comme un gant à des concepts aussi forts et hystériques que ceux inventés par J. J. Abrams, Damon Lindelof et Jeffrey Lieber (Lost) ou Robert Cochran et Joel Surnow (24 heures…). Le moment semble bien choisi pour arrêter.
Reste un héritage : la science contemporaine tordue et explosive de la narration. Le récit comme immense toile d’araignée entre cosmos et logos pour l’une, le feuilleton comme accumulation et précipice permanent pour l’autre : Lost et 24 heures… ont poussé à bout un certain art de la série grand public. Elles ont vécu sans honte en même temps que des chefs-d’œuvre siglés HBO (Six Feet under, Les Soprano), personnifiant une époque où la créativité s’exprimait au centre (les grands networks) et dans les marges (le câble).
Aujourd’hui, la balance penche du côté des auteurs du câble et le champ de la série de network est en ruines. Ce ne sont pas seulement des personnages chers à nos cœurs que nous enterrons.
« Lost » Episode final en VOD sur tf1vision.com et iTunes.
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