« The Killing » est un thriller danois sur le point d’être adapté aux Etats-Unis. L’Europe se rebiffe.
La perspective d’une identité spécifiquement européenne de la série télé posait problème. On a longtemps cru que les Anglais demeuraient seuls à proposer une alternative crédible au modèle américain, à base de réalisme et d’humour décalé, pour aller vite. Il se pourrait que l’on change d’avis dans les mois ou les années à venir, si d’étonnantes réussites comme celle de The Killing continuent à émerger.
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Produite par une chaîne danoise, cette série policière profite évidemment de l’effet de mode autour des thrillers nordiques (Wallander, inspirée par Henning Mankell, est aussi diffusée en ce moment sur Arte et Paris Première), même si la réduire à cette étiquette serait injuste.
Chaque saison propose une seule enquête aux ramifications complexes, menée par une héroïne hantée. La deuxième, que TPS Star sort de son chapeau (avant Arte dans quelques mois), déploie un impressionnant arsenal scénaristique autour de plusieurs meurtres liés à l’intervention des militaires danois en Afghanistan. Politique et intimité se mêlent jusqu’à se confondre.
Le plus intéressant dans ces dix épisodes bien serrés ? Le brio avec lequel la série tisse sa toile dans un calme extrême. Loin de toute hystérie visuelle ou narrative, The Killing avance ses pions en prenant son temps, laissant le spectateur s’imprégner des corps et des lieux. La violence sourde du monde finit par imposer un spleen alternativement glacial et brûlant.
Sans être révolutionnaire, The Killing remplit donc son office avec une certaine maestria. Cela n’a pas échappé aux connaisseurs américains, puisque AMC (Mad Men, Breaking Bad) diffusera à partir du mois d’avril sa propre adaptation.
Olivier Joyard
The Killing. Saison 2 sur TPS Star, chaque mercredi à 20h40.
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