Pour sa troisième saison, la série poursuit son chemin vers la noirceur, entraînant ses personnages de millennials dans le crime et le mensonge.
Search Party fonctionne comme un paradoxe assez fascinant et déstabilisant à la fois. D’abord perçue et peut-être même conçue comme une comédie pop aux allures presque parodiques sur la génération des millennials, sa plongée vers l’ambiguïté et la noirceur a révélé une autre face d’elle-même, bien plus inquiétante et tout à fait cohérente.
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Tout avait commencé par une histoire de jeune femme disparue à New York, quand un groupe d’ami·es mené par Dory (Alia Shawkat) se mettaient en tête de la retrouver alors qu’ils la connaissaient à peine. Il s’agissait principalement pour eux·elles de s’occuper dans la vie, de combler un vide existentiel profond. A suivi une histoire de meurtre malheureux, que la bande a passé beaucoup de temps à faire semblant de digérer, avant d’autres gros soucis très culpabilisants dans la deuxième salve d’épisodes.
La troisième saison de la série créée et dirigée par Sarah-Violet Bliss et Charles Rogers arrive deux ans après la précédente, à cause d’un changement de diffuseur (TBS a jeté l’éponge) et des retards pris dans le lancement de la plateforme HBO Max. Ces épisodes ont été écrits en 2018, ce qui suppose un temps de retard quand on veut toucher au cœur d’une société aussi obsédée par la vitesse. Mais Search Party s’en sort plutôt bien, parce qu’elle sait aller plus loin que le commentaire collé à son époque.
La mutation de Dory
L’action commence alors que Dory et son ex-petit ami Drew ont été arrêté·es puis remis·es en liberté en attendant leur procès pour meurtre. Après un mélange de comédie contemporaine et de film noir introspectif, Search Party lorgne vers la fiction judiciaire, avec son sens habituel et très singulier de l’exagération et de la précision simultanées. A une scène de joute verbale burlesque peut succéder un moment beaucoup plus classique, comme si l’aller-retour devenait naturel.
Dory et Drew ont décidé de plaider non coupables, ce qui les oblige à jouer d’autres cartes que celle de la vérité à tout prix. La jeune femme que l’on imaginait discrète, presque incapable de manipulation, a bien changé depuis les premières images de la série. Dory est maintenant une star du crime qui suscite l’attention des médias, comme ses camarades. Tous et toutes gèrent la situation en tenant compte de l’absolu règne des apparences et d’une forme de privilège qu’apporte la célébrité aujourd’hui.
Un étrange cafard
Sans en faire trop, Search Party traque les bassesses morales de certains 20-35 ans, tout en évitant de dresser des généralités. Car le vrai sujet, ce serait plutôt le mensonge, qui apparaît comme un mode de vie, une bouée de sauvetage incroyablement pratique et incroyablement dangereuse pour avancer dans la vie de 2020.
Malgré son potentiel comique toujours fort (bien que désormais plus prévisible), Search Party traîne un étrange cafard, soulignant le difficile dialogue entre générations et l’impossibilité de sortir des situations de conflit par le haut. On retrouve ici quelque chose des grandes séries pessimistes des années 2000, mais avec un tout autre attirail esthétique. Plus minimal. Plus léger.
Search Party saison 3 Sur OCS
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