Audience croissante, place dans le top des programmes les plus commentées sur Twitter… Comment la série sentimentalo-politique de Shonda Rhimes est-elle devenue l’un des programmes les plus addictifs du moment ?
Elle a encore frappé. Shonda Rhimes ou la reine mère des séries sentimentales américaines des années 2000, surtout connue pour avoir enfanté Grey’s Anatomy, a réussi à harponner certains des plus sévèrement allergiques au genre gnangnan avec sa série Scandal qui sévit depuis avril 2012. Moyennant une audience sans cesse en hausse depuis le début de sa diffusion, et une place sur le podium des shows télé les plus commentés sur Twitter lors des passages télé, la série est même en passe de devenir numéro 1 dans la niaiserie des cœurs des sériephiles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Et parce qu’on ne change pas une recette qui marche, le modus operandi de Scandal est assez similaire à celui de la série soapy-hospitalière Grey’s Anatomy, joyaux du genre « comédie sentimentale » à la télé, mais qui a bien perdu de son panache au fil de ses dix saisons (ou plutôt au fil des tentatives d’assassinat, attentat, crash d’avion et autres catastrophes visant à décimer tous ses personnages). Ici, on troque les blouses blanches et autres décors hospitaliers pour les tailleurs d’avocats et allées de la Maison Blanche. L’héroïne, Olivia Pope (Kerry Washington), est une super experte en relations publiques. Avec son équipe de “gladiateurs” (comme elle aime à les appeler en toute sobriété), elle gère les crises de vies des grands puissants de ce monde afin de leur éviter (on vous le donne dans le mille) le “scandale”.
Une accusation de viol, une rumeur de liaison avec le président, un dictateur d’Amérique du Sud qui demande de l’aide… Bref, les “situations les plus scandaleuses qu’on puisse imaginer dans la sphère politique” selon les scénaristes de la série. On comprend vite que le but du jeu est de nous montrer que les limites entre le bien et le mal sont très friables et que tous les moyens sont bons pour faire triompher le premier. Et au cas où les signaux ne seraient pas assez clairs, les “fixeurs” eux-même ont leur lot de casseroles : un tueur à gage pour une cellule top secrète de la CIA, une femme accusée du meurtre de son petit-ami, une autre ex-femme battue qui reprend sa vie en main, etc. Difficile d’ouvrir le débat sur qui défendre des gentils ou des méchants dans ces conditions, donc on défend tout le monde, à tout prix, tant qu’à la fin les gentils gagnent quand même un peu.
Mais les “enquêtes” de Liv et de son équipe de choc sont aussi et surtout l’occasion d’explorer le pendant sentimental de leur vie. Et tout comme dans Grey’s Anatomy, la situation initiale de l’héroïne est problématique : c’est une femme forte, ambitieuse, avec une vie professionnelle dorée, sauf que… elle est amoureuse du mauvais homme, forcément, car cet homme est marié. Et cette fois-ci, ce n’est même pas le problème le plus grave. Il est surtout Président des Etats-Unis.
Crédibilité : 0, Efficacité : 1
On l’aura compris, Scandal est bien plus un soap qu’une série politique. Et tous les éléments propres au genre y sont injectés : les retournements de situations à la pelle, la morale toujours mise à mal mais finalement conquérante, la femme forte vs la femme mauvaise et son corollaire le quarantenaire marié mais malheureux qui cherche juste le bonheur et le vrai amour avec sa maîtresse.
Bien que la série soit extrêmement bavarde (souvent trop), on n’approche pas la joute verbale d’un The West Wing ou The Newsroom d’Aaron Sorkin. Ni la finesse d’interprétation de The Good Wife d’ailleurs. Et pourtant, force est d’avouer que malgré les grosses ficelles, on est vite happé par le tourbillon des intrigues à répétition, que malgré une tendance à en faire trop, Kerry Washington est magnétique, et que bien qu’on sache qu’on ne regarde pas le show télé le plus fin de l’année, on se prend au jeu. D’un Président fleur bleue qui boit un peu trop de whisky dans le Bureau ovale, d’une First Lady super bitchy, d’un chef de cabinet gay et amoral ou encore d’une héroïne censée être la meilleure des conseillères des Etats-Unis pour les very-important-people mais qui n’est pas capable de voir que de coucher avec le Président n’est pas une super idée.
Pur objet de divertissement
Si au début de la première saison, chaque épisode se construit autour d’une crise qu’Olivia Pope et son équipe sont chargés de résoudre, avec pour toile de fond le triangle amoureux que forment Pope, le président et la première dame, peu à peu la série a changé d’allure. Et dans sa troisième saison, actuellement diffusée à la télévision américaine et sur Canal+ Série, la série sentimentale prend des allures de thriller conspirationniste suite à une tentative d’assassinat contre le président, à la découverte d’une cellule ultra secrète de la CIA et aux intrigues malveillantes au sein du staff de la maison blanche.
Au milieu de tout ça, nous sommes souvent un peu perdus, mais simultanément pris dans un pur objet de divertissement. Presque à la manière d’un tour de magie, alors qu’on ne sait souvent même pas trop de quoi il s’agit ni pourquoi on regarde, on ne peut s’empêcher de suivre Scandal. Dans son genre, du grand art.
Claire Pomarès
Saison 3 en cours de diffusion sur Canal + Séries et aux Etats-Unis, saison 2 en cours de diffusion sur Canal+ tous les jeudis
{"type":"Banniere-Basse"}