En attendant de découvrir au printemps la très attendue saison 2, reportage sur le tournage de la série française la plus emballante du moment.
L’automne dernier, avec la diffusion de la série Dix pour cent, France Télévisions réussit un coup éditorial comme elle n’en avait pas eu depuis dix ans et Clara Sheller – dont l’effet de bombe rajeunissante en matière de série pour chaîne hertzienne n’avait pas vraiment connu de retombées.
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De la même façon, la série initiée et produite par l’ancien agent Dominique Besnehard a à la fois remporté de vrais succès d’audience et séduit la critique spécialisée (l’exigeante ACS, l’Association des critiques de séries, l’a sacrée meilleure série française de l’année devant Baron noir, Les Revenants saison 2 ou Le Bureau des légendes). Mais surtout, Dix pour cent a inventé un nouveau public, plus jeune, moins fidélisé, pour la chaîne.
Une deuxième saison est commandée avant la diffusion de la première
Créatrice de la série, Fanny Herrero raconte que la commande d’une deuxième saison est intervenue avant même la diffusion de la première. Dès que les décideurs ont découvert les six premiers épisodes de cette chronique d’une petite entreprise d’agents de comédiens, une deuxième a été greenlightée.
“C’était assez tendu de le faire sans avoir encore de retour des spectateurs”
“Dès l’été 2015, trois mois avant la diffusion, on est donc partis sur l’écriture de six nouveaux épisodes. C’était assez tendu de le faire sans avoir encore de retour des spectateurs. La diffusion nous a rassurés, et en premier lieu sur une chose : autour de nous, on avait pu entendre que le milieu social décrit était trop parisien (le star-system, ses coulisses…). Or, la question de l’universalité de ce que la série met en jeu ne se posait plus après diffusion.
Clairement, la série raconte le quotidien d’un groupe humain où chacun se dépatouille avec ses propres névroses. Les personnages récurrents, les situations dans lesquelles on les plonge sont au moins autant des facteurs de séduction que le milieu décrit ou la présence de stars de cinéma en guest.”
Cette valorisation des personnages d’agents, de leurs conflits amoureux et professionnels, devrait croître encore cette année. Sur le plateau de la deuxième saison, où nous sommes allés passer une journée, on rencontre certains comédiens, dont Nicolas Maury et Laure Calamy. On avait pu admirer le premier dans les films de Yann Gonzalez, Rebecca Zlotowski ou Philippe Garrel ; la seconde chez Alain Guiraudie, Justine Triet ou Guillaume Brac.
La simple présence au générique de Dix pour cent de ces deux visages familiers de l’art et essai français raconte la connaissance très fine que déploie la série dans le domaine du cinéma, y compris celui très éloigné de l’écriture usuelle des fictions télévisuelles nationales. L’un et l’autre se réjouissent que leurs personnages d’assistants aient pris cette année plus d’étoffe.
“On ne s’est pas interdit d’aller par moments vers le drame, l’émotion”
Quant à Grégory Montel, dont on adorait dans la première saison la bouille de bon copain au tempérament moelleux, il se réjouit lui que son personnage devienne un peu plus teigneux. Il va se trouver en effet dans une situation de rivalité amoureuse avec un de ses clients, Julien Doré, dans son propre rôle, premier guest célèbre de la série à devenir un personnage récurrent.
A propos de cette évolution des caractères, ce recentrement de certains personnages, Fanny Herrero parle plus globalement d’une “amplitude plus grande dans la gamme des émotions traitées. On ne s’est pas interdit d’aller par moments vers le drame, l’émotion, et d’échapper à l’injonction de la légèreté. Sans renoncer bien sûr, à d’autres endroits, à aller à fond dans la drôlerie”.
L’apparition d’un nouveau boss
Sur le plateau, on tourne une scène de groupe dans la grande salle de réunion. Les quatre agents sont là (et donc les comédiens qui les interprètent : Camille Cottin – avec une nouvelle coiffure, le cheveu plus court qu’à l’habitude –, Thibault de Montalembert, Grégory Montel et l’exquise doyenne Liliane Rovère, toujours escortée du très sage Gabin, le chien de son personnage).
Face à eux, leurs trois assistants (Nicolas Maury, Laure Calamy et la cadette Fanny Sidney). En bout de table, la seule présence non familière de la pièce : un gars à la présence intense, vêtu d’un costume strict mais le crâne surmonté d’un man bun à la Zlatan. C’est Hicham Janowski, le nouveau personnage récurrent de la série, un homme d’affaires d’origine mixte (mi-marocain, mi-polonais), qui a fait fortune grâce au web et va forcer le capital de l’agence.
Nouveau patron aux manières brutales mais à la séduction féline, il joue avec ses employés comme avec des figurines et va affronter de plein fouet la peu docile Andréa (Camille Cottin). Le comédien qui l’interprète, Assaâd Bouab, a débuté dans des rôles courts chez Christophe Honoré, a été croisé plus récemment dans Homeland ou Braquo. Cette tension entre le mâle arrogant, ayant le goût de la manipulation, et la lesbienne butch animée par la passion de son travail devrait être une des lignes de force de la saison.
Le personnage d’Andréa, figure complexe, dure en affaires mais amoureuse du cinéma et de l’exigence artistique, serial fuckeuse dominatrice prête néanmoins à s’abandonner à la romance amoureuse avec ingénuité, est pour beaucoup dans le charme très contemporain de Dix pour cent, série LGBT-friendly et clairement féministe.
“La deuxième saison introduit un mâle alpha”
“Ce qui m’intéresse chez Andréa, reprend Fanny Herrero, c’est sa capacité à la transgression. La première saison entamait la virilité des personnages masculins pour faire naître cette figure féminine puissante, phallique. La deuxième saison introduit un mâle alpha (Hicham, le nouveau boss donc), mais c’est avec Andréa qu’il va se trouver le plus frontalement en concurrence.”
Satellisés autour de cette team vaillante, les guests passent comme des étoiles. Dans cette deuxième saison, Juliette Binoche sera en charge de la présentation de l’ouverture du Festival de Cannes, Isabelle Adjani devrait pointer le bout de ses lunettes noires, Virginie Efira, Ramzy Bédia, Fabrice Luchini, Guy Marchand seront aussi de la partie.
Dix pour cent, saison 2 au printemps sur France 2
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