L’actrice américaine, a reçu ce 8 octobre à Canneseries le “Variety Icon award” pour l’ensemble de sa carrière.
Présente au festival Canneseries où elle a reçu le “Icon Award”, l’actrice américaine Connie Britton fascine les sériephiles depuis qu’elle a incarné Tami Taylor dans les 76 épisodes de l’extraordinaire Friday Night Lights (2006-2011).
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Elle s’était fait connaître auparavant dans l’intéressante sitcom Spin City, mais c’est vraiment le rôle de femme débordant tous les cadres de la conjugalité et de la maternité qui reste dans les esprits. Connie Britton y déployait un mélange d’américanité absolue, cheveux et sourire inclus, et du naturel le plus profond. Depuis, Connie Britton a traversé des séries aussi diverses que Nashville, American Horror Story, Dirty John et l’été dernier, l’incroyable The White Lotus, où elle faisait à nouveau des merveilles.
Nous l’avons rencontrée pour évoquer sa carrière unique marquée par un souci constant de vérité.
Dans vos rôles les plus marquants comme celui de l’héroïne texane de Friday Night Lights, vous incarnez l’Amérique profonde, juste à côté des clichés. Pourtant, vous êtes née sur la côte Est, à Boston.
Connie Britton – Oui, mais j‘ai grandi en Virginie, dans une petite ville. Je suis une fille du Sud. Je suis arrivée à Hollywood à une époque où beaucoup de rôles féminins restaient secondaires et unidimensionnels. Il y avait cinq hommes pour une femme dans n’importe quelle série, sauf exceptions. On ne pouvait pas vraiment se référer à des modèles, mis à part I Love Lucy ou The Mary Tyler Moore Show, qui commençaient à dater. Alors, j’ai pris le peu qu’on me donnait très au sérieux. Je me demandais constamment : qui est vraiment cette femme ? Mon travail consistait à humaniser mes personnages, même si je ne le faisais que pour moi. Je crois que cela a fait la différence. Les femmes que j’ai interprétées ont dégagé une forme d’universalité, en tout cas, je l’espère. D’une certaine façon, je rends hommage à celles que je joue. C’est peut-être la raison pour laquelle vous parlez d’Amérique profonde : j’incarne des femmes de tous les jours, car elles ont le droit d’exister. Même les héroïnes un peu barrées que j’ai jouées, comme chez Ryan Murphy dans American Horror Story, ont eu droit à ce traitement. Il faut toujours regarder sous la surface.
Une vérité émerge toujours dans vos rôles. Pour tourner Nashville (2012-2018), vous êtes allée habiter dans la ville.
La quête de vérité dont vous parlez, je la trouve naturelle. Quand nous tournions Friday Night Lights, le Texas était un personnage dans la série et il fallait vivre là-bas, le plus possible. Quand Nashville m’a été proposée, des agents me disaient que je n’avais qu’à demander à tourner à Los Angeles. Mais il n’était pas question que je multiplie les allers-retours en avion. Je venais d’adopter mon fils, je ne connaissais personne là-bas et la ville m’était inconnue, j’aurais pu la jouer diva. La série aurait été moins bonne. Cela a été probablement le rôle le plus éprouvant de ma carrière. Au début, nous tournions entre 16h et 18h par jour puisqu’il fallait à la fois jouer les scènes et enregistrer des morceaux où je chantais.
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Dans Dirty John, vous incarnez une femme trahie par un imposteur. Et vous le faites avec ce sourire américain si typique, qui cache les souffrances.
Je m’intéresse toujours à la manière dont les femmes arrivent à rester à flot. J’essaie de cerner d’où vient leur pouvoir, même quand il se cache. Et la plupart du temps, il ne se trouve pas là où on pense. Dans mon expérience, ce pouvoir naît souvent derrière un sourire, une idée de la féminité, un sens de l’humour, peut-être une grâce, une sexualité… Quand j’étais plus jeune, les femmes puissantes que je voyais à la télé étaient dures et devaient en quelque sorte jouer à l’homme. On écartait leur vulnérabilité et je ne me reconnaissais pas du tout en elles. C’est peut-être la raison pour laquelle dans mes rôles, je m’inspire des femmes qui me sont proches et j’essaie de trouver en elles ce qui ne dépend pas d’un homme. J’ai toujours adoré l’idée d’être subversive.
Le dernier mouvement de Friday Night Lights, série mythique, illustre ce que vous dites : votre personnage montre la route. Son mari change de lycée car elle a été nommée dans une autre ville. Il la suit.
Je dois dire que même dix ans après la fin de la série, c’est encore émouvant de repenser à cela. Au moment où j’ai commencé Friday Night Lights, je pensais que je ne pourrais jamais être autre chose que celle qui soutient et assiste un homme, comme actrice et même comme femme. Dans ma génération et dans celles qui l’ont précédée, les femmes soutenaient les hommes. C’était le cas de ma mère. Au fond, j’appartenais à ce moule. Ensuite, le travail très collaboratif sur Friday Night Lights a commencé. Mais je n’aurais jamais imaginé le destin de Tami Taylor se terminer ainsi. Dans une série dont la toile de fond est une équipe de foot américain autour de son coach, finir en le voyant déménager parce que sa femme trouve un nouveau travail, c’est fabuleux. C’est une victoire féministe.
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Vous discutiez de votre personnage avec l’équipe créative ?
Tout le temps et beaucoup ! Friday Night Lights était une série vraiment collective. Les conditions de tournage étaient libératrices, avec plusieurs caméras et pas mal d’improvisation. Je pense que le public a senti cette liberté. J’ai beaucoup appris sur mon propre désir d’actrice et la façon dont je veux travailler… Aujourd’hui encore, je tente de maintenir ce cap, de garder cet esprit. Tout était inclusif, immédiat et non traditionnel. On ne faisait pas de répétitions, on n’avait aucune marque au sol. Peter Berg, le créateur et réalisateur du pilote, a mis en place ce style. Il nous a donné ce sens de la propriété par rapport à nos personnages et à la série. Il nous parlait comme si on était à la guerre : “C’est à vous de jouer. Personne ne doit vous dire quoi faire ! Personne ne connaîtra jamais ces personnages autant que vous !”. C’est un souvenir précieux.
The White Lotus a été le hit de l’été dernier. Vous y jouez une femme de pouvoir très perturbée, mère de famille et cheffe d’entreprise débordée.
Cela me passionne de jouer une femme comme elle aujourd’hui. Il y a comme un grand écart entre Tami Taylor et Nicole Mossbacher, cette businesswoman qui incarne une forme de privilège blanc. Mais il existe aussi beaucoup de femmes comme elle dans le monde, et je suis fascinée par ce qui les fait avancer. Cela m’a donné l’occasion de rentrer dans cet univers des très riches que je ne connaissais pas, tout en cherchant les similitudes avec moi. Ses désirs et ses besoins sont forcément proches des miens, c’est en tout cas de cette manière que je la vois. Je m’intéresse aux détails. Si je peux trouver l’universel dans le particulier, je suis toujours heureuse.
The White Lotus saison 1 est disponible sur OCS
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