La série la plus triste du monde est aussi pleine de chaleur dans sa quatrième et dernière saison.
Daniel Holden est l’un des personnages les plus émouvants apparus ces dernières années. Un grand échalas au regard toujours vague, qui réapprend à vivre sous nos yeux depuis qu’il est sorti, innocenté par l’ADN, du couloir de la mort où il croupissait depuis dix-neuf ans pour le viol et le meurtre de sa petite amie. Dix-neuf ans à regarder la mort en face, à rêver de parfums étrangers, jusqu’au jour où les portes s’ouvrent.
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Pour ce trentenaire un peu emprunté, la tâche s’avère insurmontable depuis quatre saisons où les moments apaisés sont rares, et les montées d’angoisse fréquentes. Ray McKinnon, le créateur de cette odyssée discrète, a façonné un équivalent télé du vieux blues du Sud américain, avec parfois un brin de complaisance dans la manière de mettre en scène la mélancolie extrême qu’il a imaginée. Dans ses moins bons moments, Rectify fait défiler des mines grises et une nature férocement indifférente, en racontant un peu la même chose tout le temps.
Au fur et à mesure que la série a avancé dans le temps, ce défaut s’est pourtant estompé. Il faut peut-être y voir l’usure des années, une victoire de la fiction par habitude. Ou s’incliner devant le fait que la série ne cherche plus du tout à séduire et laisse le flot du monde qu’elle a créé s’écouler naturellement, sans effort.
La beauté simple d’un homme en détresse
Dans la quatrième et dernière saison, Daniel Holden (Aden Young) habite à Nashville où il suit un programme de réinsertion. Ses journées sont routinières. Il travaille puis rentre chez lui où il partage une maison avec d’autres anciens détenus. Quelque chose en nous cède très vite. La beauté simple d’un homme en détresse finit par créer un climat de bienveillance pour cette série si fragile, qui cherche constamment dans ses personnages ce qui les relie à l’humanité.
L’optimisme et la chaleur de Rectify se nichent là. Son héros n’en sait rien, lui qui ne cesse de s’interroger cette saison sur ce qui est réel, à commencer par son propre corps et son esprit déphasé. Dans sa bouche, cette interrogation de la réalité sonne comme une obsession et un cri d’alarme, une demande d’amour dont on ignore si elle sera comblée un jour. Dans quelques épisodes, Rectify sera terminée. In extremis, elle aura fini par nous manquer.
Rectify saison 4 à partir du jeudi 8, 21 h, SundanceTV
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