La Californienne « Ray Donovan » concasse superbement les mythologies d’Hollywood.
En promettant les aventures glamour et brutales d’un fixeur californien engagé pour régler les problèmes de clients riches et célèbres – quand un cadavre est retrouvé dans le lit d’un rappeur au petit matin, par exemple -, Ray Donovan s’inscrit dans la tradition du roman noir rattachée à l’imaginaire made in Los Angeles depuis Chandler et Ellroy, et largement explorée par le cinéma. Les bas-fonds d’Hollywood offrent un terreau fertile à des personnages aux rêves brisés et aux comportements hors normes, que la créatrice Ann Biderman (ex- NYPD Blue et Southland) se délecte de traquer à chaque épisode en suivant son acteur principal, le beau Liev Schreiber. Ici, les errances nocturnes en voiture sur Mulholland Drive se terminent mal, en général, et la côte de Malibu promet quelques frissons morbides et autres passages à tabac. Voilà pour le côté pile de Ray Donovan, laquelle, mise à l’antenne l’année dernière par la chaîne américaine Showtime (Dexter, Homeland), bénéficie d’un succès mérité.
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Le sériephile avisé se souvient néanmoins d’une leçon apprise avec le temps : il n’est pas rare que les objets captant son attention dissimulent une autre nature que celle qu’ils montrent au premier regard. Attention donc au marketing en général et aux pitches en particulier. Celui de Ray Donovan est aussi séduisant que légèrement trompeur, ce qui n’est pas toujours un problème. Un univers fictionnel intéressant ouvre souvent sur un deuxième monde plus secret. Alias, qu’Alain Resnais adorait, logeait, à l’intérieur d’un virevoltant récit d’espionnage, l’histoire d’une fille perdue. The Americans raconte avec brio l’histoire d’un couple via un artifice semblable – la série vient d’ailleurs de reprendre pour une deuxième saison. Ici, une sorte de généalogie de la violence se joue dans les décors de Los Angeles. En famille.
http://www.youtube.com/watch?v=r36OT6TsHOw
Au-delà des intrigues de surface, le sujet de Ray Donovan se niche dans les relations tordues de son héros avec un père pas très net (libéré de prison à la fin du premier épisode, celui-ci est interprété par un Jon Voight un peu en roue libre), avec son frère traumatisé après une enfance violée, et avec sa femme, son fils et sa fille déstabilisés par ses absences et ses errances répétées. Sous le soleil exactement, la dépression guette sévèrement les pantins de ce drame capable d’accès de folie en tous genres. On ne s’y attendait pas forcément, mais dans la floraison actuelle de bonnes séries, Ray Donovan parvient à tirer son épingle du jeu.
Ray Donovan tous les lundi à 20 h 50, sur Jimmy
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