Suite à ses pétaradantes escales dans la seconde saison de « Daredevil », le personnage de Frank Castle, plus connu sous le patronyme de The Punisher, aura droit à sa propre série. C’est encore une fois l’acteur Jon Bernthal qui rêvetira les oripeaux funèbres de l’anti-héros-titre.
Lorsque Gerry Conway, Ross Andru et John Romita introduisent le personnage de Frank Castle dans l’univers Spider-Man (The Amazing Spider-Man #129, février 1974), l’Amérique est encore ensanglantée par la Guerre du Vietnam et l’assassinat de l’actrice Sharon Tate, femme de Roman Polanski, par le gourou Charles Manson (1969). En écho à ces deux traumatismes apparaît donc Castle, vétéran du « merdier », bien décidé à venger la mort de sa famille au gré d’une croisade contre le crime. Si ses méthodes expéditives rappellent celles de l’Inspecteur Harry, le Punisher hérite avant tout de la psychologie torturée du Justicier dans la Ville (1974) incarné par Charles Bronson.
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Comme l’a récemment rapporté Collider, c’est la même vision d’une humanité déliquescente qui, selon Jon Bernthal, sera au cœur de la série Netflix The Punisher.
Une conception humaine du personnage
Castle semblait être le fruit d’une Amérique enterrée avec Nixon…ou avec les séries B des années 80, l’inénarrable Dolph Lundgren l’ayant incarné à l’écran en 1989. Mais selon Bernthal, la force du personnage est encore intacte :
« Pour moi, le Punisher est avant tout un être humain. Il n’a pas de super pouvoirs. Ses super-pouvoirs, c’est son humanité. C’est sa colère, c’est son deuil. Je n’aurais jamais pu l’incarner ainsi si je n’avais pas été mari et père. A partir du moment où vous comprenez ce que ça fait que d’aimer une personne plus que vous-mêmes et d’être prêt à donner votre vie pour elle, vous comprenez ce que cela provoquerait en vous si elle vous était prise…le cheminement de Frank Castle le mène au regret, à l’humiliation et à la honte, c’est là que l’humanité surgit »
Si le comédien insiste sur l’humanité du personnage, sorte de Max Payne avant l’heure, le teaser en ligne se concentre sur son emblème : une tête de mort blanche incrustée sur fond noir. Un motif faisant écho aux signes de reconnaissance du mouvement punk et de la piraterie. Ces deux aspects synthétisent l’identité des films d’autodéfense, entre universalité d’un synopsis tragique (témoignant de l’instabilité de l’individu et des fondements du système) et qualité irrespectueuse, « sale » voire primitive, d’un cinéma d’exploitation volontiers iconisant.
The Dark Side of Marvel
Comme nous le précise le site CheatSheet, le show est prévu pour novembre 2017, faisant face à la diffusion – sur Netflix également – de la première saison d’Iron Fist – autre archétype martial Marvel, créé par Roy Thomas et Gil Kane en 1974. N’ayant pas encore rencontré Daredevil, Castle au sein de ce spin-off est simplement « animé par une rage aveugle, se donnant pour mission de punir ceux qui lui ont pris sa famille…de la manière la plus brutale possible » précise Bernthal.
Puisque le showrunner de ce reboot ne sera autre que Steve Lightfoot, créateur de la série Hannibal, le spectateur peut s’attendre à une identique capitation de la violence, réaliste et glacée, aux antipodes des exubérants jets d’héméglobine valorisés par Lexi Alexander dans son très bis The Punisher : Zone de Guerre (2008).
Le personnage du Punisher préfigurait par ses colorations noires la violence des comics de Frank Miller et Alan Moore, telle que développée dans l’industrie au cours des années 80, L’arrivée prochaine en salles de Suicide Squad, ode aux bad guys, tout comme le récent succès de la série Jessica Jones, semblent quant à eux encourager chez Marvel le développement d’œuvres plus ambivalentes et ténébreuses. Il est loin ce temps où détachement campy et kitsch criard caractérisaient les séries tv de la maison à idées, du très jazzy Spider-Man (ABC, 1967) au Lou Ferrigno verdâtre et cabotin de L’Incroyable Hulk (CBS, 1977).
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