Tendre parodie des émissions de téléréalité d’enquêtes paranormales par le duo Pegg/Frost (Hot Fuzz, Shaun of the Dead), Truth Seekers peine à convaincre.
On était en droit d’attendre beaucoup du retour de Simon Pegg et Nick Frost, le duo d’acteurs et scénaristes britanniques, pourvoyeur depuis plus de vingt ans de geekeries savoureuses.
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Associés à Edgar Wright, dont la mise en scène nerveuse et virtuose peut faire des merveilles, les deux hommes avaient donné naissance à la très gourmande blood and ice trilogy (aussi appelée “trilogie Cornetto”), composée de Shaun of the Dead (2005), variation cool et déjantée sur le thème de l’invasion zombie, Hot Fuzz (2007), polar tarantinien paumé dans la campagne anglaise, et Le Dernier Pub avant la fin du monde (2013), buddy movie fortement alcoolisé croisé à de la SF survitaminée. Hélas Truth Seekers, série développée par les deux hommes pour Amazon Prime Video, ne tient pas toutes ses promesses en dépit de sa générosité, et de sa volonté assumée de cajoler les fans.
Comédie horrifique ultra-référencée, dans la pure veine Pegg/Frost, Truth Seekers suit les péripéties drolatiques de Gus et Elton (Nick Frost et Samson Kayo), deux employés de la compagnie Smyle (dont le boss n’est autre que Simon Pegg), entreprise chargée de réparer les problèmes de connexion internet chez ses utilisateur·trices. En parallèle de leur activité de réparateurs, les deux hommes mènent des enquêtes paranormales chez leurs clients et découvrent, entre apparitions fantomatiques et autres joyeusetés surnaturelles, qu’une vaste conspiration démoniaque menace l’espèce humaine tout entière…
Un manque de vision artistique ?
Drôle sans être tordante, pastichant avec tendresse les émissions de téléréalité d’enquêtes paranormales (comme Ghost Hunters), la série en huit épisodes manque malheureusement d’incarnation et provoque même, passé deux épisodes introductifs plutôt réjouissants, un ennui coupable.
La faute, peut-être, à un manque de vision artistique qu’on pourrait lier à l’absence d’Edgar Wright, associé habituel de Pegg et Frost, aux commandes. Déjà aux côtés du premier pour la truculente série Spaced (1999-2001), sorte de Big Bang Theory avant l’heure, l’irrévérence et un ton leste en plus, Wright aura été dans tous les bons coups du duo, et absent des mauvais (Paul en 2011, notamment).
On peut néanmoins accorder à Truth Seekers une croyance inébranlable dans son projet, et la création d’un monde parallèle (où il est question de transmigration des âmes) cohérent à défaut d’être rationnel. A l’inverse d’un Ryan Murphy, qui dans son anthologie American Horror Story surplombait ironiquement son sujet en déployant tout l’inventaire du cinéma horrifique, confinant parfois à la parodie un peu vaine, Simon Pegg et Nick Frost restent attachés à un récit qui, bien que référencé, ne se veut jamais parodique.
Ce n’est hélas pas suffisant pour faire de Truth Seekers une réussite, même si la série se laisse aisément regarder. On aurait pu espérer que le pitch, qui fait état d’une conspiration mondiale et surnaturelle tenue secrète, questionne à sa manière (rigolote mais jamais rigolarde) la post-vérité et les théories du complot dans l’air du temps. Peut-être dans une saison 2 ? Keep in touch.
Truth Seekers sur Amazon Prime Video
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