Nouvelle adaptation de la saga de littérature young adult “Percy Jackson”, cette série médiocre ne parvient jamais à dépasser sa condition d’ersatz d’“Harry Potter”. La magie en moins.
Publiés entre 2005 et 2015, les romans Percy Jackson s’inscrivent dans la vague des sagas de littérature young adult ayant déferlé dans les librairies au tournant des années 2000, assumant plus ou moins péniblement leur condition d’émule d’Harry Potter et cherchant à reproduire, avec un degré d’opportunisme variable, le succès éditorial inégalé de l’apprenti sorcier. Leur structure est sensiblement identique : un jeune collégien, souvent marginalisé, se découvre un grand pouvoir qui lui ouvre les portes d’un monde caché, périphérique au nôtre, régi par un ensemble de règles puisant dans la grande marmite de la littérature fantastique. Seul l’univers diffère : exit le monde de la magie et son école de sorciers, bonjour la mythologie grecque et sa colonie de Sang-Mêlé. Car Percy Jackson, 12 ans, apprend qu’il est un demi-dieu, rien que ça, fils caché de Poséidon, et héritier légitime du dieu des mers, des chevaux et des tremblements de terre.
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Déjà adapté au cinéma en 2010 par l’artisan besogneux et l’honnête storyteller qu’est Chris Columbus, Percy Jackson et le Voleur de foudre avait majoritairement déçu. La faute, dit-on, aux trop grandes libertés prises par rapport à l’oeuvre originale qui serait, paraît-il, moins quelconque que ce que laisse penser ce film cousu de fil blanc et sans saveur, comme réalisé en pilote automatique. Résultat, en dépit d’un score correct au box-office (près de 450 millions de dollars engrangés), la saga avait été fauchée en plein vol, seuls deux des cinq films prévus ayant vu le jour.
Effet de com’
Disney exhume donc avec une certaine prudence ce best-seller de la littérature young adult pour l’adapter en série, s’attachant l’étroite collaboration de Rick Riordan himself, l’auteur des bouquins, en gage de fidélité, et d’un résultat censément plus conforme au matériau d’origine que les films mal-aimés l’ayant précédée. D’aucuns y verraient un simple effet de communication pour s’attirer les faveurs de fans tatillons…
Pari réussi ? Pour ce qui est de la fidélité, on laissera aux lecteur·ices le soin de l’évaluer. Pour ce qui est de la série en elle-même, on nage en pleine médiocrité, et jamais Percy Jackson ne parvient à dépasser sa condition d’ersatz sériel d’Harry Potter. La magie en moins.
Visuellement très laide
Suivant un itinéraire extrêmement balisé, et donc coupablement prévisible, la série passe par les sempiternelles étapes théorisées par Joseph Campbell avec son concept de monomythe : le héros se découvre un pouvoir caché et un lignage favorable (il est le fils d’un dieu), suit l’instruction d’un mentor sagace (ici un centaure) et, accompagné de son fidèle sidekick (ici un satyre), part à la découverte d’un monde dont il ignore tout (ici des États-Unis remodelés façon mythologie grecque, on l’on croise Méduse à la sortie d’un dîner ou un cyclope aux abords d’un camping) dans le but d’accomplir une quête (rejoindre l’Olympe, située au sommet de l’Empire State Building) pour éventuellement sauver le monde d’un grand péril (une guerre entre les dieux et les titans).
Visuellement très laide, et suivant à la lettre son cahier des charges amidonné, Percy Jackson ne peut pas compter sur son héros, parfaitement fade, pour sauver les meubles, pas plus que sur sa relecture modernisée de la mythologie grecque (au final guère plus qu’un catalogue paresseux des mythes, divinités et héros qui la constituent, comme échappés du cahier d’un helléniste de 5ème). Mieux, la série réalise l’aporétique prouesse de dérouler son récit à toute berzingue (sans se soucier d’établir proprement son monde ou d’en conserver une part de mystère) tout en nous faisant bailler d’un ennui manifeste.
Percy Jackson et les Olympiens, de Rick Riordan, Jon Steinberg et Dan Shotz, disponible le 20 décembre sur Disney+
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