La série documentaire sur le cheerleading au Texas revient avec une saison 2 marquée par la pandémie et une lourde affaire de pédocriminalité.
Il y a pile deux ans, Cheer proposait la première incursion sérieuse d’une série documentaire dans le monde du cheerleading, scruté par l’imaginaire collectif et pourtant méconnu. Dans cette discipline aux facettes multiples, entre danse, gym et acrobaties de haut niveau, garçons et filles d’une vingtaine d’années bossent tous les jours pour une représentation d’environ deux minutes notée par des juges.
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Rien à voir, donc, avec les pom pom girls censées encourager les athlètes masculins. Les athlètes, ce sont elles et eux. Grâce à Cheer, l’équipe de Navarro College – une fac de seconde zone du Texas sortie de l’anonymat pour avoir remporté plusieurs fois le championnat national – a suscité un engouement médiatique mondial, dont la deuxième saison décrypte notamment les conséquences.
Tout commence juste avant la pandémie, alors qu’une autre équipe se dresse sur la route de la troupe menée par l’impitoyable coach Monica Aldama. Greg Whiteley, le réalisateur, avait choisi de construire les nouveaux épisodes autour de cette rivalité, montrant l’alliance typique de sueur et de larmes dont sont capables les Américain·es quand une certaine vision de l’excellence prend le dessus.
C’est l’occasion d’impressionnantes scènes d’entraînement, où il est déjà question de vie ou de mort pour les cheerleaders souvent issu·es de milieux pauvres. Mais nous sommes dans un documentaire, et parfois, la réalité reprend ses droits et balaie tout.
Quand la réalité dépasse la fiction
Deux événements viennent rompre l’ordonnancement des choses et s’inscrivent durablement dans les neuf épisodes. D’abord, l’arrivée d’un virus dont tout le monde pense encore qu’il nous laissera vite tranquilles. Cheer montre de manière assez précise la façon dont le Covid-19 a coupé brutalement l’énergie d’une planète entière, par le biais de quelques hommes et femmes en pleine force de l’âge, dans un gymnase de l’Amérique profonde.
L’arrêt des activités, la mélancolie, l’ennui qui s’ensuivent, tout cela suinte de chaque plan ou presque. On sent la panique du créateur de la série, parfois forcé de tirer à la ligne pour construire une dramaturgie correcte – sans toujours y parvenir. Cela donne paradoxalement de beaux moments, des surgissements inattendus, comme le début de l’épisode 7 consacré à la vie quotidienne d’un coach jusqu’alors cantonné à un rôle secondaire.
L’autre événement a fait la une de la presse américaine, quand il a été révélé que l’un des héros de la première saison, Jerry Harris, faisait l’objet de poursuite pour production de contenu pédocriminel, comportement inapproprié et agressions sexuelles envers deux garçons mineurs – l’un d’eux était âgé de treize ans au début des faits. Un choc, d’autant que l’homme avait tout du chouchou de la série. Il ne l’est plus.
Cheer raconte avec force – lors de l’épisode 5 – cette affaire qui vaut pour l’instant à Jerry Harris une détention provisoire, en attente de son procès. Les deux principales victimes, des jumeaux, témoignent avec précision et émotion de ce qui leur est arrivé. C’est absolument glaçant, et surtout, cela montre à quel point la pédocriminalité, comme tous les abus sexuels, défie les clichés. Pour cette leçon, pour sa hauteur de vue sur la question, sa manière de rester branchée à l’époque tout en conservant son ADN, Cheer mérite d’être vue.
Cheer saison 2, disponible sur Netflix.
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