Après la diffusion de son premier épisode aux Etats-Unis, retour sur les premières impressions des critiques américains concernant “The Mandalorian”.
Série phare de Disney +, The Mandalorian, créée par Jon Favreau, a fait l’objet d’une première diffusion sur la plateforme de streaming, lancée mardi 12 novembre aux Etats-Unis. Les Américains ont pu visionner le premier épisode de ce spin-off de Star Wars, diffusé à une fréquence plus ou moins hebdomadaire (le deuxième épisode sera disponible dès vendredi) afin de contrer la tendance au binge-watching.
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Comment l’épisode pilote de The Mandalorian a-t-il donc été reçu ?
The Hollywood Reporter a publié une synthèse des critiques américaines suscitées par la série aux Etats-Unis. Globalement, ce premier épisode a été perçu comme une entrée en matière peu convaincante en elle-même. The Mandalorian n’a donc pas encore fait ses preuves, et seul le visionnage des prochains épisodes permettra de définir la pertinence de ce spin-off.
S’il n’a pas déçu pour autant, le pilote fait l’objet de réserves, lesquelles mettent en avant son absence d’enjeux concrets, mais plus encore son manque de fidélité à un certain « esprit Star Wars », qui se caractériserait par la dimension profondément humaine de l’univers de science-fiction bâti de toutes pièces par George Lucas.
Une narration trop floue pour le moment
“Le monde extérieur et le contexte de la franchise sont presque totalement ignorés”, écrit Daniel Fienberg du Hollywood Reporter, qui poursuit en précisant que “la plus grande partie de l’épisode voit le Mandalorian sautillant d’un lieu à l’autre, en courant très peu de risques”.
L’épisode s’achève sur un twist, qui suit une ligne narrative inexploitée et mystérieuse de Star Wars. Pourtant, Matt Patches, critique à Polygon, n’est pas sûr que “les spectateurs veuillent aller dans cette direction”. En effet, il explique que “tout ce qui précède cette révélation [le twist] promet une série proche du genre du western, menée par un héros toujours là pour sauver la situation. Comme l’a prouvé l’histoire, c’est la base du divertissement à l’état pur, et c’est une promesse que la série ferait mieux de tenir”. Pour sa part, Fienberg estime toutefois que c’est ce twist, qui, en tenant la curiosité du spectateur en éveil pour la suite des aventures, donne à la série un horizon narratif : “C’est un cliff-hanger qui offre un moment d’anthologie efficace et remet tout ce qui a précédé dans son contexte.”
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Un manque d’expressivité qui freine l’émotion
Au-delà de la question du schéma narratif, qui semble léger à l’issue de ce pilote, les critiques s’interrogent surtout sur le personnage titre, auquel ils reprochent son absence d’expressivité. “En l’absence d’une intrigue pour soutenir le récit ou d’expressions faciales, comment peut se construire le rapport entre les spectateurs et le personnage ?”, se demande Sonia Saraiya, journaliste à Vanity Fair.
Saraiya ne se satisfait pas de la dimension spectaculaire de ce western galactique, emmené par un chasseur de primes “qui déchire”. Le Mandalorian, dont l’adresse est mise en valeur dans des scènes de combat, “est très efficace, ce qui fait partie de l’attrait de ce type de personnage, et si vous aimez regarder une bande de soldats galactiques armés se tirer les uns sur les autres avec des dynamiteurs, vous serez servis. Mais – sans histoire, motivation ou expression faciale -, cela sonne un peu creux, et il manque l’élément si douloureusement humain de l’univers Star Wars”, ajoute-t-elle.
En effet, le personnage interprété par Pedro Pascal, très mystérieux, reste prisonnier de son armure tout l’épisode durant. Il lui manque donc cette incarnation nécessaire à l’instauration d’un rapport personnage-spectateur. Matt Singer, critique à ScreenCrush, présente clairement le problème : “Sans un seul aperçu de son visage – ou même de ses yeux, qui demeurent complètement invisibles derrière la visière assombrie de son casque -, c’est un peu compliqué de prendre part à l’aventure du personnage au premier abord. C’est juste un mec cool qui fait des trucs cool. The Mandalorian gagnera probablement en consistance par la suite. Mais quand on compare la profondeur de ce type aux protagonistes complexes auxquels nous ont habitués les chaînes câblées et les plateformes de streaming, il ne fait pas le poids.”
Kelly Lawler de USA Today, qui déplore le vide émotionnel du pilote, a déclaré sans détour qu’“à l’instar du prequel cinématographique Rogue One, The Mandalorian s’empare de l’esthétique de l’univers Star Wars sans en comprendre le cœur”.
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Un épisode divertissant
La structure narrative fragile de l’épisode et son personnage dépourvu de substance n’ont pas freiné l’appréciation d’une autre partie de la critique. Pourtant, les commentaires de ceux à qui le pilote a plu soulignent malgré tout le caractère artificiel et purement divertissant de la série. “C’est d’une simplicité rafraîchissante. Je ne sais pas ce qui se cache derrière la prime après laquelle court The Mandalorian ou derrière son histoire apparemment compliquée, mais tout le reste semble solide et connu, ce qui est plaisant quand une si grande part de la production télévisuelle est engluée dans un mystère écrasant. Ces productions sont super aussi, mais c’est également sympa de pouvoir s’asseoir et regarder un western galactique divertissant”, écrit Evan Saathoff de Birth. Movies. Death.
“Je ne sais pas de quoi parle la série, du moins par pour le moment. Mais ça a l’air cool, comme un voyage à Disneyland’s Galaxy’s Edge [une attraction Disney consacrée à Star Wars] sans les files d’attente et les gamins qui gueulent”, juge pour sa part Lorraine Ali du Los Angeles Times.
L’univers Star Wars doit s’adapter au format de la série
Il faudra alors patienter jusqu’à vendredi pour savoir si le deuxième épisode fait ses preuves, et si The Mandalorian vaut vraiment le détour. Le personnage principal va-t-il se dévoiler ? Quel arc narratif suivra-t-il ? Quels sont les enjeux du spin-off, et fera-t-il honneur à la saga Star Wars ? Laura Prudom, d’IGN, reste optimiste :
“Alors que les films Star Wars ont toujours partagé un ADN créatif avec les séries télévisuelles à travers leur histoire sérialisée racontée sur plusieurs ‘épisodes’, on peut faire l’hypothèse que Star Wars, en tant que franchise – si celle-ci veut survivre et se perpétuer après la conclusion de la saga Skywalker -, a besoin de gagner de nouveaux terrains, plus appropriés à une narration hebdomadaire, épisodique, avec des personnages et des aventures qui peuvent évoluer en même temps que les spectateurs”, écrit-elle. “Si The Mandalorian n’en est qu’à ses débuts (et les épisodes deux et trois seront des preuves bien plus tangibles du concept que le premier), le personnage a probablement suffisamment de potentiel pour nous guider vers des coins inexplorés de la galaxie pour les années à venir, et c’est une perspective réjouissante”, conclut-elle.
Disney + sera disponible en France à partir du 31 mars.
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