L’activiste et journaliste féministe Gloria Steinem, incarnée par Rose Byrne dans Mrs America, a trouvé regrettable l’angle choisi par la série qui dénature, pour elle, le réel débat.
Mrs. America de Dahvi Waller est la série qui nous a accompagné·es pendant le confinement. Elle retrace un moment crucial des années 1970 : la ratification de l’Equal Rights Amendment, pour inscrire l’égalité des droits entre les sexes dans la Constitution des États-Unis. Dès lors, plusieurs groupes s’affrontent : les femmes aux foyers conservatrices dirigées par Phyllis Schlafly, incarnée par Cate Blanchett, et les féministes radicales notamment représentées par la célèbre activiste Gloria Steinem, jouée par Rose Byrne.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Inspirée de la réalité, la série à gros budget développe nombre d’intrigues parallèles et autres personnages importants, dans une mise en scène virtuose. Elle met également en vedette par exemple Uzo Aduba dans le rôle de Shirley Chisholm, la première femme noire élue au Congrès, et Tracey Ullman dans le rôle de Betty Friedan, l’auteur de La Femme mystifiée.
>> A lire aussi : “Mrs. America”, éblouissante série sur la genèse du mouvement féministe aux Etats-Unis
Une série « dégradante »
Pourtant si l’on en croit The Guardian, la série n’a pas fait l’unanimité. Pour l’activiste et autrice féministe Gloria Steinem, la série est « ridicule, dégradante et tout simplement pas très bonne » a-t-elle affirmé lors de l’édition virtuelle du Hay festival. Pour Steinem, la série se trompe d’adversaire : « Elle vous donne l’impression que [Phyllis Schlafly] est la cause du rejet de la ratification de l’amendement. En réalité, je ne pense pas qu’elle ait changé le vote. Personne ne peut affirmer qu’elle a eu un quelconque impact sur les votes. C’est le secteur de l’assurance qui s’est fortement opposé à l’amendement sur l’égalité des droits car ça lui aurait coûté des millions et des millions de dollars de ne plus séparer ses tables de mortalité« .
>> À lire aussi : On a rencontré Gloria Steinem, l’icône féministe américaine
« La série donne l’impression que les femmes sont nos pires ennemis »
En effet pour elle, l’importance donnée à ce personnage dénature la réalité des enjeux de l’époque : « Schlafly était quelqu’un ‘amené à la dernière minute’ pour faire croire que les femmes s’opposaient à l’égalité des droits alors que la vérité était ‘la grande majorité’ la soutenait toujours« , a déclaré Steinem. « La série donne l’impression que les femmes sont nos pires ennemis, ce qui nous empêche de reconnaître qui sont nos pires ennemis. Non pas que nous ne soyons pas en conflit, oui nous sommes en conflit, mais dans l’ensemble, nous ne sommes pas nos pires ennemis. »
Gloria Steinem ne remet pas en cause la mise en scène ou le casting de la série mais l’angle d’attaque choisi qui lui paraît malheureux. Elle a tout de même tenu à rappeler ensuite l’importance pour les féministes de tous âges de travailler ensemble : « La ségrégation par âge est aussi ridicule et destructrice que la ségrégation par race ou classe ou par sexe ou toute autre chose. Nous apprenons les uns·es des autres. Nous avons besoin les uns·es des autres. »
>> À lire aussi : Gloria Steinem, son démontage en règle du patriarcat
{"type":"Banniere-Basse"}