A venir sur CBS, « Pump » : une série de huit heures permettant à Arnold Schwarzenegger de raconter/romancer ses années-fitness dans le Venice Beach des années soixante-dix. A l’époque l’acteur ne rêvait que d’une chose : devenir le prochain M. Olympia.
En 1977, l’Amérique star wars-isée n’est pas vraiment fascinée par la gonflette, mode de vie dont l’un des plus fiers représentants est en ce temps-là Steve Reeves, l’acteur de péplums huileux (incarnation d’Hercule et de Maciste). Un documentaire indépendant consacré au body-building et réalisé par George Butler et Robert Fiore, intitulé Pumping Iron (il sera par la suite rebaptisé Arnold le Magnifique) changera considérablement la donne. Le film met en scène Lou Ferrigno, alias l’Incroyable Hulk d’antan, mais également… un certain Arnold Schwarzenegger, Autrichien facétieux venu vivre le rêve américain.
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Le bodybuilding y est considéré comme une culture à part entière, un état d’esprit, réaction à une société où il n’est pas encore reconnu à sa juste valeur – le National Physique Committee ne sera créé qu’en 1980, et la World Bodybuilding Federation qu’en 1990. Le succès public du documentaire et sa médiatisation contribueront à redorer le blason du culturisme.
C’est cette genèse seventies que l’ex-Gouvernator a justement décidé de ressusciter, en produisant et supervisant Pump, série sensiblement autobiographique de Michael Konyves, prochainement diffusée sur CBS. L’histoire d’une évolution culturelle, puisque d’une pratique sportive qui, au fil des décennies et des mentalités, est passée de l’état de rituel pour initiés, concentrés dans Pacific Avenue, à celui de véritable industrie au poids financier considérable…
Les musclés de Venice Beach
Tel que nous l’indique Cinema Blend, cette mini-série de huit heures prendra précisément place au sein du Venice Beach ensoleillé de 1973, plage californienne qui n’est pas sans évoquer le Roméo + Juliette de Bazz Luhrmann. Le synopsis, quant à lui, nous renvoie non sans punch au satirique Pain & Gain de Michael Bay, puisque nous suivrons au gré des épisodes l’ascension de jeunes bodybuilders, bien décidés à provoquer l’Amérique au bras de fer. Sous couvert d’un fait divers lugubre largement réécrit, Bay usait de sa propre grammaire visuelle pour se jouer des simulacres de l’imaginaire populaire américain. S’il n’est pas dit qu’en veillant à l’authenticité de ce récit (le ramenant à ses premiers pas du côté de l’Oncle Sam) Schwarzy souhaitera prolonger cette verve musclée, le spectateur pourra a minima y concevoir entre les lignes un témoignage de l’intime, voire une fable philosophique, puisque tranche de vie de cette Amérique fitness renaissante où les musclés faisaient état, comme le précise l’acteur, « d’une vie aventureuse et hédoniste« .
Au gré de propos rapportés par Deadline, le comédien insiste sur la dimension idéaliste du projet, cette envie apparente de serrer à bras le corps le Zeitgest d’alors :
“Les années soixante-dix incarnaient l’époque de tous les changements, non seulement pour moi, mais également pour ma nation. C’était une période colorée, et j’espère pouvoir directement ramener cette couleur dans le salon des téléspectateurs, grâce à ces personnages, pourvus d’une réelle densité, et au gré des multiples storylines de ce show. Je suis passionné par ce projet, car si aujourd’hui le fitness est considéré comme légitime, il ne faut pas oublier qu’il n’était à l’origine qu’une forme de contre-culture, implantée dans un modeste gymnase à Venice Beach, façonnée par une bande de bodybuilders déchaînés »
Plus qu’un coup de rétro aux tonalités nostalgiques, l’attachement que voue encore aujourd’hui Schwarzenegger au culturisme est de l’ordre de l’identification. Effectivement, si nombreux sont ceux, depuis ses débuts chez John Milius et James Cameron, à douter de ses capacités d’acteur, la reconnaissance critique et professionnelle se faisant rare, le bodybuilding, de même, fait encore l’objet d’une polémique quant à sa (non) considération en tant que sport et pratique olympique. Nul doute qu’au vu de son passif, l’ex-Mister Univers, désormais has-been au corps monstrueux, cumulant les billevesées sur les réseaux sociaux, saura ainsi réattribuer un peu d’éclat à sa propre légende par le biais de cette série intrigante.
Subsiste cependant cette question : à l’instar de l’inénarrable sequel Pumping Iron II: The Women (1985), les femmes à poigne occuperont-elles une place de choix au sein du show ?
https://www.youtube.com/watch?v=3ABDMzR7fpk
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