La chroniqueuse Mathilde Serrell, qui présente tous les matins de la semaine sa Théorie culturelle sur France Culture, a consacré son billet d’aujourd’hui à l’absence de cérémonie de récompenses du « paysage sériel français ».
Ce mardi 24 septembre au matin, Mathilde Serrell a présenté sur France Culture une théorie sur l’état du « PSF », le paysage sériel français. Faisant suite à la remise de prix des Emmy Awards, dont la cérémonie s’est déroulée dimanche dernier aux Etats-Unis, elle s’interroge sur le statut attribué aux séries en France. Si les Oscars ont leur pendant français avec la cérémonie des Césars, les Emmy n’ont pas ici d’équivalent.
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Les séries françaises décollent
Alors que les séries sont de plus en plus populaires auprès du public, Serrell estime que la France a « dépassé le stade « yéyé » de la série. Elle est indéniablement entrée dans une nouvelle ère. » Après un certain temps d’adaptation, la France commence en effet à se distinguer, pas à pas, avec ses productions. Comme le rappelle la chroniqueuse, Le Bureau des légendes d’Eric Rochant a fait figure d’étendard du talent français pour la création télévisuelle, bientôt rejoint par Dix pour cent de Fanny Herrero. Mais les créations françaises ne se cantonnent plus à ces deux séries : si les tentatives ratées de Netflix avec Marseille ou Plan cœur laisseront peu de souvenirs, rappelons le bon accueil réservé aux Revenants ou à Engrenages.
Aujourd’hui, le nombre de productions augmente, les sociétés françaises s’adaptant à l’engouement pour les séries qui s’est emparé de l’industrie audiovisuelle internationale. Les Sauvages, réalisée par Rebecca Zlotowski (dont le film Une Fille facile est sorti en salles récemment), sera diffusée dès ce soir sur Canal +. Cette création originale plutôt réussie devrait plaire aux téléspectateurs, qui pourront aussi se tourner prochainement vers des séries réalisées par d’autres cinéastes, comme Nona et ses fils de Valérie Donzelli.
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De la pertinence de créer l’équivalent français des Emmys
La théorie de Serrell s’achève sur cette phrase : « Il se passe quelque chose. Acteurs, réalisateurs, agents, et producteurs, tous participent à ce nouvel alignement de planètes, aussi enthousiasmant que nécessaire. Reste à doter enfin la France de ses Emmy, elle qui s’est arrêtée… aux 7 d’Or. » En effet, alors que la frontière entre cinéma et séries devient de plus en plus poreuse, les acteurs et producteurs d’une industrie comme de l’autre étant de plus en plus nombreux à franchir le pas qui les sépare, les séries sont bien en mal de reconnaissance.
Les pages ou rubriques consacrées aux séries se développent dans la presse comme sur les sites Web dédiées à l’actualité culturelle, mais aucune cérémonie française ne vient valider d’un point de vue artistique, ou simplement professionnel, le succès des séries. Les 7 d’Or dont parle Serrell ont un temps récompensé les œuvres télévisuelles (de 1985 à 1991, puis de 1993 à 2001), en remettant de très nombreux prix dans une multitude de catégories, mais leur disparition en 2003 après un redémarrage éclair (une édition) n’a pas donné lieu à la création d’une cérémonie de substitution. Face à une production croissante de série et à la reconnaissance critique dont elles bénéficient (pensons au festival Séries Mania, à Lille), il serait donc pertinent de réfléchir à une version française des Emmy pour valoriser le talent des créateurs et sortir certaines productions de qualité de la case « divertissement » à laquelle elles sont parfois encore injustement rattachées.
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