Angoissée et angoissante, Outcast, la nouvelle création de l’auteur de The Walking Dead, commence à prendre ses marques.
Le joufflu et barbu Robert Kirkman n’a que 37 printemps – et il ne les fait même pas – mais son nom est déjà accolé pour toujours à l’une des grandes réussites commerciales et (parfois) artistiques de la télé moderne, à savoir The Walking Dead, adaptée de son comics publié depuis 2003. La série la plus regardée au Etats-Unis vient de conclure sa sixième saison, un succès que Kirkman suit toujours de près en tant que producteur exécutif, quand il en a le temps.
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Il est l’homme qui a sorti les romans graphiques – son activité principale depuis qu’il a 20 ans, en tant que scénariste – de “l’obligation” d’une adaptation cinématographique, montrant qu’ils pouvaient aussi entrevoir un fabuleux destin sur petit écran.
Angoisses et anxiété carabinées
Bien qu’ayant travaillé pour le mastodonte Marvel, ce natif du Kentucky est plutôt associé à l’outsider Image Comics. Résultat, sa “streed cred” reste stable, tandis que son aura dans le monde de l’entertainment ne cesse de grandir. Les fans l’adorent et Hollywood aussi, persuadée (probablement à raison) qu’il sait rendre le grand public sensible à ses angoisses et son anxiété carabinées.
Kirkman est l’un des seuls créateurs à qui une chaîne laisse les clefs d’une série sans vraiment s’inquiéter, alors qu’en temps normal elle y réfléchirait à deux fois. Outcast, dernière née de son cerveau hanté, a été développée par Cinemax, petite sœur de HBO, alors que le roman graphique dont elle s’inspire – évidemment signé Kirkman – n’était pas encore publié.
Figures religieuses les plus étranges
On y trouve une flopée de personnages plus barrés les uns que les autres et pas mal de visions troublées et troublantes. Des enfants possédés qui se dévorent les doigts ou se tapent la tête tout seuls contre les murs, des gamins enfermés par leur mère dans des placards ou l’inverse… Le héros prénommé Kyle a eu quelques expériences terribles dans sa vie, au point qu’il est aujourd’hui un trentenaire à l’inquiétude permanente et au visage dur.
Affublé d’un pasteur avec qui il traque les démons, Kyle l’aide à réaliser des exorcismes tout en fouillant les restes de ses encombrants traumas. Après l’excellente The Leftovers et la lourde Preacher, Outcast confirme l’appétence de la fiction américaine contemporaine pour les figures religieuses les plus étranges, sur fond de messianisme souvent tordu…
L’apocalypse est une toile de fond permanente. Cette imagerie se révèle ici assez forte pour captiver par intermittence, même si les moyens narratifs employés par Kirkman (de massifs flash-backs explicatifs) manquent parfois de subtilité et de légèreté. Mais le garçon sait provoquer l’effroi et le rendre malgré tout supportable, voire agréable – une qualité indéniable.
L’atmosphère poisseuse de l’Amérique profonde
Tournée en Caroline du Sud et située en Virginie de l’Ouest, Outcast a aussi pour elle une cohérence visuelle et narrative de tous les instants, ainsi qu’une manière convaincante de traduire l’atmosphère poisseuse de l’Amérique profonde. On doit cela notamment à Howard Deutch, autrefois réalisateur de Pretty in Pink et rescapé des eighties. Quelques belles scènes quotidiennes et presque triviales disent encore mieux que les moments de grand-guignol les affres d’une communauté blessée.
On rejoint alors par la bande l’autre grande création de Kirkman, The Walking Dead. Si Outcast n’a pas sa force immédiate et évidente, qui prenait aux tripes dès le pilote, la toile tissée par les trois premiers épisodes (les seuls diffusés au moment où nous écrivons ces lignes) donne envie de s’engluer encore dans cet univers d’enfants-monstres et d’adultes sans repères. Pourquoi se priver d’avoir peur ?
Outcast saison 1, le samedi, 20 h 40, OCS Choc
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