Explorant maladroitement un questionnement récurrent des récits de SF contemporains, la nouvelle création originale de Netflix en France, peine pour le moment à convaincre.
Les amours technologiquement stimulées, hissant au rang de norme l’engouement contemporain pour les applications de rencontres, sont devenues pour les séries d’anticipation une sorte de passage obligé. Erigé en but suprême de tout individu, le grand amour y devient une expérience manipulable et un produit de consommation parmi d’autres, la dernière parcelle d’imaginaire à coloniser dans une société capitaliste.
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A Paris et dans un futur proche, Esther la scientifique (Agathe Bonitzer) et son frère Paul (Hugo Becker), homme d’affaires habile, procèdent aux premiers tests de leur programme Osmosis. Grâce à des microrobots implantés dans le cerveau de leurs cobayes et capables d’analyser les replis les plus profonds de leurs esprits, ils promettent à chacun de trouver le ou la partenaire idéal.e. La machine peut-elle ramener du sensible dans une interaction que la technologie a, elle-même, désensibilisé ?
https://www.youtube.com/watch?v=dINsAATSjWU
Un gouffre intime de solitude et d’angoisses
Mis en scène par Julius Berg, les premiers épisodes d’Osmosis – création d’Audrey Fouché d’après une websérie éponyme – peinent à affirmer leur singularité. Enrobée dans une esthétique convenue de start-up éclairée au néon, l’écriture un peu endormie tend à surexpliquer chaque enjeu, et dessine une toile narrative où se mêlent maladroitement les sentiments, le thriller, la science-fiction et le drame familial.
Difficile également de s’attacher au duo principal qui embrasse pleinement la philosophie de l’amour programmé que la série entend dénoncer… là où leurs cousins de Black Mirror (les épisodes Hang the DJ ou San Junipero) ou de Weird City (The One) construisaient la romance en dehors des règles, voire des limites physiques et temporelles. Si la colonisation des esprits par la technologie est abordée comme une menace, l’idée du perfect match, fantasme très individualiste et normé de l’amour sans accroc, n’est pas remise en question.
Ce sont dans les doutes et les failles de ses personnages que se nichent les promesses les plus intrigantes de la série. En réduisant les pensées et les émotions à des stimuli électriques, c’est un gouffre intime fait de solitude et d’angoisses que les auteurs cherchent à cartographier. Espérons que les prochains épisodes lâcheront leurs amarres calibrées pour plonger dans ce vide.
Osmosis d’Audrey Fouché, avec Agathe Bonitzer, Hugo Becker. Saison 1 le 29 mars sur Netflix
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