Éreintée par la critique, cette honnête série B spatiale ne marquera pas le genre mais propose une relecture horrifique intrigante du récit de premier contact extraterrestre. (Spoilers)
Cet article comporte des révélations sur la série Nightflyers.
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Dans un vaisseau spatial à la dérive dont ils semblent être les derniers survivants, une femme est poursuivie par un individu dangereux. Avant de se trancher la gorge, elle a le temps d’enregistrer un message : « Ceci est un avertissement : n’entrez pas dans le vaisseau, ne ramenez pas le Nightflyer sur Terre. »
Six mois plus tôt, ledit Nightflyer décollait pour une mission de deux ans dans le but d’établir le contact avec une forme de vie extraterrestre dont la technologie pourrait sauver notre planète en sursis. L’équipage pittoresque – humains bioniques, prisonnier télépathe ou capitaine hologramme – est peu à peu est assailli par d’inquiétantes visions, et le vaisseau en proie à des phénomènes inexpliqués.
Dans l’ombre du trône de fer
Mis à part un titre en écho à Vol de nuit, Nightflyers n’a pas grand chose à voir avec Saint Exupéry. Astronautes bourrus plutôt que Petit Prince, dédale de tôle glacé plutôt que planètes enchantées, peur et lâcheté plutôt que courage et bonté. Diffusée sur la chaine SyFy en décembre dernier, cette série de science-fiction adaptée du roman Le Volcryn de G. R. R. Martin – l’auteur de Game of Thrones – a été très mal accueillie par la critique et les téléspectateurs, probablement déçus de ne pas y retrouver la complexité narrative et les passions shakespeariennes de la célèbre saga d’heroic fantasy.
Il serait dommage cependant de n’aborder Nightflyers qu’à l’aune du trône de fer, dont l’ombre écrasante risque de dissimuler les quelques qualités. Souvent confuse et fragilisée par l’interprétation aléatoire de ses actrices et acteurs, cette équipée spatiale reste une série B d’honnête facture qui parvient à orchestrer des visions d’horreur surprenantes et à détourner les motifs attendus du récit de premier contact.
De l’odyssée spatiale à l’odyssée mentale
Les visions qui hantent les personnages, en particulier à proximité du prisonnier télépathe, entrelacent les souvenirs traumatiques aux projections inquiètes et viennent troubler la surface du réel, doublant ainsi la traversée physique d’un périple mental. Si on est loin de l’inventivité des cauchemars de Legion ou de la densité des projections de Premier contact de Denis Villeneuve, l’idée d’associer la rencontre extraterrestre, événement qui semble dépasser l’entendement humain, à un dérèglement progressif de la perception est assez pertinente.
Déformation qui pourrait d’ailleurs être à double sens, comme le souligne un des personnages assez tôt dans la série : et si les aliens, qui n’ont jamais répondu aux signaux envoyés par les terriens, voyaient la race humaine comme un virus qui a tué son hôte et cherche à en contaminer un nouveau ? L’objet réel de la mission, plus que le contact physique à proprement dit, serait alors l’accord, ou au moins la rencontre, de perceptions en apparence irréconciliables.
Hélas, ce programme séduisant n’est tenu qu’à moitié, la série s’embourbant dans des rebondissements improbables et des digressions pénibles. Reste le charme d’une série B sans prétention qui ne méritait pas une telle volée de bois vert.
Nightflyers saison 1, disponible sur Netflix.
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