Même si l’entreprise américaine affiche de bons résultats pour l’année 2014, elle craint la montée en puissance de certains acteurs du téléchargement illégal comme Popcorn Time en Europe.
Netflix se veut prudent. Dans une lettre envoyée le 20 janvier 2014 aux actionnaires, le PDG Reed Hastings et le directeur financier David Wells présentent le bilan de leur entreprise en 2014. Au milieu des chiffres et des exercices de comptabilité, une phrase, relevée par le Monde ce 21 janvier, montre que la multinationale n’a pas tout à fait l’esprit tranquille.
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« Le téléchargement illégal est l’un de nos plus grands concurrents. Ce graphique, qui montre l’évolution de Pop Corn aux Pays-Bas par rapport à Netflix et HBO, donne par exemple à réfléchir. »
Ce graphique, mis en lien dans le rapport de Netflix, est tiré du site « Google Trend », qui montre l’évolution de « l’intérêt » des internautes pour un certain sujet. Depuis ces derniers mois, l’intérêt pour « PopCorn » aux Pays-Bas talonne de près celui que les internautes accordent à Netflix.
Le succès du piratage en Europe
Popcorn Time, c’est la nouvelle bête noire des plateformes de téléchargement légales de contenus audiovisuels. Logiciel illégal, il propose une interface gratuite qui permet de regarder immédiatement tout type de séries ou de films, en lecture en continu via le protocole réseau pair à pair BitTorrent. En apparence, l’application a tout d’un Netflix gratuit, sauf qu’il est parfaitement illégal.
Le problème, pour Netflix, est que Popcorn Time remporte un franc succès dans plusieurs pays européens, dont les Pays-Bas mais aussi l’Italie ou l’Espagne.
Dans sa lettre aux actionnaires, les dirigeants de Netflix font d’ailleurs état d’une perte nette de 79 millions de dollars dans leurs investissements à l’étranger, alors que leurs revenus internes (Etats-Unis) ont rapporté 257 millions de dollars au quatrième trimestre de 2014. En somme, Netflix est encore largement déficitaire en-dehors des Etats-Unis. La plateforme américaine n’a pourtant aucune intention de cesser son expansion: elle est aujourd’hui présente dans 50 pays, et vise les « 200 pays », à mesure que le développement d’Internet et des nouvelles technologies conquiert les pays en voie de développement.
Netflix ne communique plus sur son nombre d’abonnés en France
Les craintes de Netflix montrent les limites du téléchargement légal en Europe. En France, par exemple, passé l’effet d’annonce et l’emballement médiatique autour de l’arrivée de la plateforme de streaming dans l’hexagone, Netflix ne communique plus sur son nombre d’abonnés.
Selon une étude de l’institut Digital TV citée par Le Parisien, ils plafonnaient à 250 000 au mois de décembre. A ce rythme (soit 150 000 abonnés en deux mois), Netflix atteindrait en 10 ans les 9 millions d’abonnés. On est loin du « tiers des foyers français conquis d’ici cinq à dix ans », comme se l’est promis la firme américaine.
CanalPlay, le plus sérieux concurrent de Netflix à ce jour, qui propose peu ou prou le même type de films et de séries, a mis trois ans pour se constituer une base de 500 000 abonnés. Et encore : son catalogue est principalement constitué des contenus assez anciens, loin des épisodes en H+24 que propose la chaîne Canal+ Séries (accessible uniquement via le bouquet Canal) ou le bouquet OCS de Orange. Celui-ci compterait plus de 2 millions d’abonnés.
Le piratage de certaines séries bien plus contrôlé aux Etats-Unis
Et les autres téléspectateurs ? C’est là que le bât blesse. En France, le téléchargement – ou le streaming – illégal occupe encore une place de choix dans les pratiques des internautes, notamment parce qu’ils ont dû apprendre à palier l’absence de réelles solutions alternatives pendant des années avant l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché.
Malgré l’existence de la loi HADODI 2 (pas encore supprimée, malgré la volonté exprimée par le rapport Lescure), les amendes ont été peu fréquentes et les coupures de connexion à Internet rarissimes. On est loin des sanctions quasi systématiques auxquelles s’exposent les internautes américains qui essaient de télécharger des séries de chaînes comme HBO. Un journaliste du monde.fr envoyé à San Francisco en a fait l’amer constat en juin dernier.
De plus, malgré les plateformes existantes (Amazon, Vodkaster, OCS, etc), essayer de regarder un film légalement en streaming en France relève encore, et toujours, du casse-tête. Une preuve que l’offre en matière de consommation de films et séries en ligne n’est toujours pas à la hauteur de la demande.
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