L’audiovisuel traditionnel se sent menacé par Netflix, géant américain de la VOD et première source de trafic internet aux Etats-Unis.
Jusqu’en mars, le géant américain Netflix se contentait de louer des DVD et de proposer, contre abonnement et en streaming, des rediffusions de films et de séries. Aujourd’hui, coup de tonnerre dans l’audiovisuel US : Netflix se lance dans l’achat de contenus originaux. La société vient de devancer HBO en achetant pour plus de 100 millions de dollars une série que réalisera David Fincher, House of Cards.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Avant d’en arriver là, l’entreprise a parcouru un incroyable chemin. A son lancement en 1998, le site propose la location par correspondance de cassettes vidéo, puis de DVD. Un système d’abonnement mensuel illimité est rapidement mis en place. En 2008, sur une partie de son catalogue, Netflix introduit le streaming vidéo sur PC, puis dans la foulée sur la télé. Depuis, fort d’accords avec de nombreux studios (Paramount, MGM…) et chaînes, Netflix propose pour 7,99 dollars par mois un service illimité de streaming tous supports (TV, ordinateur, iPad et iPhone).
La première source de trafic Internet aux US
Réputé pour sa simplicité et l’efficacité de son service clients, Netflix s’enorgueillissait en avril de 23,6 millions d’abonnés, contre moins de 9 millions en 2008. Le site serait par ailleurs la première source de trafic Internet aux Etats-Unis (30 % du trafic le soir aux heures de pointe).
Mais ça se complique pour Netflix. Les chaînes et les producteurs de contenus commencent à se sentir menacés par le succès du site et sa nouvelle politique d’achat de contenus exclusifs. Ils veulent renégocier leurs accords. La chaîne Starz ne lui permet plus de diffuser sa série Camelot moins de 90 jours après l’avoir diffusée elle-même. Depuis juin, Sony interdit le streaming de ses films. Showtime n’autorise plus la diffusion de ses productions star, Dexter et Californication. HBO (Sopranos, Sex and the City, Game of Thrones) a, quant à elle, toujours refusé de fournir son contenu à Netflix, les royalties n’étant pas assez élevées. Devenir moins dépendant des chaînes est une des raisons qui poussent aujourd’hui Netflix à acheter du contenu exclusif.
Les chaînes outre-atlantique doivent-elles s’inquiéter ?
Le site s’est lancé au Canada il y a un an, arrivera en Amérique latine et aux Caraïbes avant la fin de l’année et une implantation en Espagne est envisagée dès 2012. Selon Le Figaro, la Grande-Bretagne et la France pourraient devenir ses prochaines cibles.
Alors qu’en France la VOD progresse (+ 12 % en volume au premier trimestre), les chaînes doivent-elles s’inquiéter ? L’installation de Netflix en France est loin d’être acquise. Pour proposer une offre attractive, le site devra composer avec la « chronologie des médias », qui impose un délai de trois ans avant la diffusion en VOD par abonnement de toute oeuvre cinématographique (contre quatre mois pour la VOD à l’acte) après sa sortie en salle.
En attendant, quelques concurrents nationaux se positionnent. Vidéo Futur vient de lancer une offre à 6,99 euros combinant location de DVD par correspondance et VOD à 2,99 euros le film. Dailymotion va également lancer une offre payante d’ici la fin de l’année, qui permettra de visionner des films sur TV connectée, PC et appareils mobiles.
Anne-Claire Norot
{"type":"Banniere-Basse"}