Pour sa troisième saison, cette comédie réussie sur un studio de jeux vidéo s’intéresse au métaverse.
Quiconque a déjà joué à des jeux vidéo a sans doute eu le même fantasme : celui d’imaginer à quoi peuvent ressembler des réunions au sein d’un studio de développement. “Combien de dégâts doit infliger cette boule de feu ?”, “Ce boss est-il trop difficile à vaincre?”, “Et si on planquait une arme surpuissante que seul·es les joueur·euses les plus opiniâtres pourront looter ?”. Ces questions sont d’autant plus applicables à un MMORPG, un jeu de rôle en ligne massivement multi-joueur·euses, qui prend place dans un monde persistant, et dont le développement ne s’arrête, par définition, jamais. Depuis 2018, Mythic Quest nous fait pénétrer les coulisses d’un studio de jeux vidéo œuvrant sur un gigantesque MMORPG et chronique, avec un savant mélange d’acrimonie et de tendresse, le quotidien mouvementé de ses employé·es.
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Développée pour AppleTV+ par Rob McElhenney (showrunner et acteur de Philadelphia), qui occupe aussi le rôle principal (celui de Ian Grimm, concepteur de jeux vidéo un brin mégalo, du genre tête de nœud mais attachant), Mythic Quest a également bénéficié du soutien financier et structurel de Ubisoft Film & Television, filiale dédiée à la production cinématographique et télévisuelle de l’éditeur de jeux vidéo français du même nom, l’un des plus importants du secteur. Une collaboration qui s’observe sans difficultés, puisque le studio fictif derrière Mythic Quest ressemble à s’y méprendre à une succursale d’Ubisoft ; et, s’il est situé en Californie, les patronymes parfaitement francophones des grands patrons Montréalais (toujours laissés hors-champ, n’intervenant aux réunions qu’en voix off) ne font pas mystère de leur inspiration.
Une “workplace comedy”
Pas question cependant de faire de Mythic Quest un commentaire hagiographique des productions Ubisoft, et la série ne lésine pas sur la pelletée d’emmerdes qui constelle le quotidien houleux des employé·es du studio : de Ian Grimm donc, chef de projet en constant ego trip, à Poppy Li, lead programmeuse éruptive, en passant par David, directeur de production incapable d’autorité, secondée par Jo, son assistante lunaire aux dents longues à rayer le parquet… Régénérant avec brio l’esprit sédentaire et joyeusement foutraque de la workplace comedy, ce sous-genre sériel qui ausculte avec drôlerie et acidité le monde du travail (et dont The Office est la référence suprême), Mythic Quest bénéficie d’une écriture vivante et extrêmement inventive, qui peut rappeler, dans son faisceau de références geek et ses épisodes-concepts retors, l’esprit désinvolte et défricheur de la géniale Community ; la co-créatrice de Mythic Quest, Megan Ganz, en fut l’une des plumes notoires.
Une série à l’heure du métaverse
Après avoir chroniqué, en saison 1, la difficile mise en place d’une extension à leur jeu de rôle, suivi la guerre d’egos et les différends créatifs entre Ian et Poppy en saison 2, et sondé les retombées de la pandémie de covid-19 dans des épisodes spéciaux façon visioconférence, Mythic Quest s’intéresse dans sa troisième saison (dont les 2 premiers épisodes ont été mis en ligne le 11 novembre) au métaverse et à ses promesses, pour l’heure, plus qu’incertaines, auxquelles l’inénarrable Ian Grimm veut, bien entendu, croire sans retenue. De quoi garantir une flopée de passes d’armes bien senties et de gags régressifs dont la série a le secret, non sans un détour par la case romance, car derrière les vannes snipées et l’humour corrosif, Mythic Quest est aussi une série farouchement sentimentale.
Mythic Quest, disponible sur AppleTV+.
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