Une mise en regard audacieuse d’une émancipation tardive avec les relations contrariées entre une mère et son fils.
Lorsque son fils quitte le domicile familial pour entrer à l’université, Eve Fletcher, quarantenaire divorcée, décide de se réapproprier sa vie sentimentale et sexuelle. En adaptant son roman, Tom Perrotta prolonge sur un terrain intime le questionnement de The Leftovers, dont il était l’un des créateurs : comment réapprendre à vivre après la perte (toute séparation en est une) ?
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La clôture invisible entre les générations
L’éveil du personnage incarné par Kathryn Hahn, inoubliable de I Love Dick. prend la forme d’une confrontation cocasse aux modalités contemporaines du désir, entre rencards artificiels et omniprésence du porno. Magnétisé par des figures inattendues (un résident de la maison de retraite dans laquelle elle travaille ou une amie queer), il se déploie comme un parcours doux-amer, entre espoirs et désillusions, malentendus et étincelles.
Il manque à la série une dose d’irrévérence, un grain de folie pour nous saisir complètement et désamorcer l’écueil du manuel d’exploration sexuelle que son écriture appliquée laisse parfois émerger. Elle gagne pourtant en profondeur en conjuguant la trajectoire d’Eve à celle de Brandon : condensé de masculinité toxique, son insupportable rejeton est lui aussi approché avec une complexité de trait qui, sans excuser son comportement, lui laisse la possibilité de devenir un homme meilleur.
L’originalité de Mrs. Fletcher réside peut-être dans ce choix étonnant de mettre en regard les éveils sexuels d’une mère et de son fils, puis de tirer ce fil pour éprouver la clôture invisible entre les générations, notamment à travers l’attirance d’Eve pour un camarade de classe de ce dernier : ce qui, de l’extérieur, peut sembler insignifiant s’éprouve comme une tempête intime.
Mrs. Fletcher Sur OCS City.
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