Amazon vient de mettre en ligne la deuxième saison de cette « dramédie » contemporaine au cœur de l’Orchestre philharmonique de New York, sacrée « meilleure comédie » aux Golden Globes 2016. Si la série ne dit pas grand-chose, on se laisse porter par son enthousiasme et sa bonne humeur communicative.
Face à elle, il y avait des évidences. L’incroyable Transparent, l’hilarante Veep, la valeur sûre Orange Is the New Black. C’est pourtant Mozart in the Jungle, produite par la plateforme Amazon, qui a remporté la statuette de la meilleure série « comique » lors de la 73e cérémonie des Golden Globes aux Etats-Unis.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
De comique, elle n’a pourtant pas grand-chose (comme nombre de ses consœurs que l’on appelle plutôt “dramédies”, et qui mériteraient d’être consacrées dans une catégorie distincte depuis des années). Mozart Is the Jungle est surtout une jolie série, qui observe avec beaucoup d’affection ses personnages réagir à l’arrivée d’un nouveau « maestro » à la tête de l’Orchestre philharmonique de New York. Rodrigo De Souza (Gael García Bernal), chef d’orchestre de génie à peine trentenaire et complètement fou, vient ainsi bouleverser un écosystème ronflant et provoquer des remises en question nécessaires bien que douloureuses.
Le personnage de ce Mexicain perché au cœur tendre est directement inspiré du chef d’orchestre vénézuélien Gustavo Dudamel, avec qui le hautboïste Blair Tindall (auteure du livre Mozart in the Jungle: Sex, Drugs, and Classical Music dont la série est adaptée) a travaillé. Cheveux longs, amour pour le maté – une boisson énergisante qu’il sirote en permanence –, digressions sur la beauté du monde : le portrait du doux cinglé est précis bien qu’un peu cliché.
Les producteurs et scénaristes Roman Coppola (fils de) et Jason Schwartzman (qui joue un petit rôle dans la saison 2) ont tenté d’en faire un génie incompris mais ses envolées lyriques qui se veulent intelligentes manquent parfois de profondeur (« Bien sûr que cette malédiction est psychosomatique. Tout est psychosomatique. Toi, moi, la musique. »)
De la bonne humeur mais pas de propos
L’ancien maestro – joué par un Malcolm McDowell qu’on a plaisir à voir dans une série où il ne joue pas, pour une fois, un homme en costard sombre et manipulateur – est étonnamment celui qui apporte le plus de fraîcheur à la série. Il passe brillamment du chef d’orchestre aigri et jaloux dans la première saison au sexagénaire en pleine crise existentielle dans la deuxième. « Tu es en train d’immortaliser ma mortalité », l’entend-on lâcher à un jeune journaliste à qui il avait demandé de le filmer pendant qu’il écrivait les dernières pages de sa symphonie – qui s’avère être médiocre.
Dans le rôle de la jeune hautboïste de talent qui débute, Lola Kirke est également une belle révélation – elle a d’ailleurs depuis décroché un rôle dans Mistress America (2015) aux côtés de Greta Gerwig. Femme forte pourtant accro aux doux regards que lui lance Rodrigo, elle apporte une qualité que l’on voit rarement sur le petit écran : la bonne humeur.
Voilà la grande valeur de Mozart in the Jungle ; elle a beau ne porter aucun propos, elle est une bouffée d’air frais dont on a du mal à se passer une fois la saison entamée. Heureusement, Amazon a emboîté le pas à Netflix et met en ligne, le même jour, tous les épisodes d’une saison. On se retrouve alors à binge-watcher, comme le disent vulgairement les détracteurs de la pratique, avec délice ces petits épisodes (entre 22 et 28 minutes) divertissants – dans le bon sens du terme.
Méritait-elle un Golden Globe pour autant ? Son manque de poésie, pour une série censée mettre à l’honneur le pouvoir de la musique sur les hommes, reste problématique. Malgré toute l’affection qu’on lui porte, on est forcé d’admettre que sa légèreté peut être lassante, et que les enjeux (les musiciens réussiront-ils à renégocier leurs contrats ? Rodrigo embrassera-t-il Haley ?) peinent à accaparer l’attention, même du plus volontaire des spectateurs.
Mozart in the Jungle, la saison 2 sur OCS en H+24 depuis le 4 janvier
{"type":"Banniere-Basse"}