« Breaking Bad » a atteint son ultime saison, James “Soprano” Gandolfini a rendu l’âme et la fameuse grille des programmes disparaît au profit de nouvelles pratiques – streaming, replay, bouquets…
Aimer une série, c’est se préparer à la quitter. A la pleurer, éventuellement. Des millions de personnes ont connu ce sentiment étrange il y a quelques mois avec la fin de l’une des sagas les plus addictives de l’histoire. On ne parle pas de l’annonce des derniers tournages de Julie Lescaut, soyons sérieux, mais des ultimes heures sur terre de Walter White, le héros de Breaking Bad. Un événement comme le genre n’en avait pas connu depuis la fin de Lost, en 2010. La diffusion de l’ultime épisode, le 29 septembre sur AMC, a rendu les twittos un peu plus fous que d’habitude. A la différence que, cette fois, les réactions aux choix narratifs des scénaristes ont été positives.
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Un vendeur de méthamphétamine, assassin notoire, devenu l’emblème des séries contemporaines ? Le chemin parcouru depuis une quinzaine d’années impressionne. Mais il faut se souvenir de celui qui a incarné le premier cette révolution esthétique. Cette pensée nous a traversé l’esprit le 19 juin, à l’annonce de la mort de James Gandolfini. Star atypique et acteur génial, l’homme avait incarné Tony Soprano de 1999 à 2007. Huit années et six saisons passées à redéfinir, à chacun de ses pas lourds, le profil du héros de série, voire du héros américain tout court. Terrassé par une crise cardiaque dans un hôtel de Rome à l’âge de 51 ans, Gandolfini a rendu bien malgré lui cette année 2013 plus funèbre et plus triste.
Le tremblement de terre Netflix
La première question après l’enterrement de Tony Soprano et les adieux de Walter White est de savoir quel personnage odieux, retors mais magnifique pourra les remplacer. Une femme ? Apparemment, pas tout de suite. Pour l’instant, un petit mec au regard dur et néanmoins séduisant fait l’affaire. L’arrivée du politicien cynique Frank Underwood (Kevin Spacey) dans House of Cards s’est faite au gré d’une saison inaugurale fulgurante. Mais c’est aussi pour d’autres raisons que le buzz a été majeur autour de la série. Commandés et financés par l’opérateur de streaming Netflix (qui devrait arriver en France en 2014) et non par une chaîne de télévision, les treize premiers épisodes très onéreux de House of Cards ont été mis en ligne aux Etats-Unis le même jour.
Le 1er février 2013 restera probablement comme une date pivot, le jour où le coup de grâce a été donné à la notion de « grille des programmes », sur laquelle reposait l’industrie du petit écran depuis plus de soixante ans. La manière dont chacun regarde ses personnages favoris a muté depuis une dizaine d’années, mais 2013 a confirmé le changement de cap, pas seulement chez Barack Obama. Dans la foulée du tremblement de terre causé par Netflix, qui énerve et effraie les acteurs des chaînes classiques à Hollywood, les sériephiles français ont vu fleurir les offres légales prenant enfin en compte la réalité de leur pratique et de leur amour.
La toute nouvelle chaîne Canal+ Séries et le bouquet OCS relooké proposent des épisodes sous-titrés juste après leur diffusion originale de manière systématique. Devant l’ordinateur ou la bonne vieille télé, suivre Game of Thrones (ou The Walking Dead, on n’en voudra à personne) depuis Mont-de-Marsan sans passer par la case piratage est maintenant crédible. Le fan est toujours mieux équipé pour multiplier les visionnages et voilà qui tombe bien. De la confirmation de la forme olympique des séries nordiques (Borgen, Real Humans) à de solides saisons de chouchous anciens (Mad Men, Girls, The Newsroom, Treme), en passant par une flopée de nouveautés excitantes (Hello Ladies, Masters of Sex, Orange Is the New Black, Rectify, etc.), 2013 a montré que l’ascension des séries n’est pas près de s’arrêter.
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